Guerres : Pour un antimilitarisme révolutionnaire

Quand la gauche de gouvernement se vautre dans un soutien inconditionnel au réarmement voulu par Emmanuel Macron, il est bon de relire le manifeste de l’UCL : « La finalité du communisme libertaire est une société débarrassée de l’emprise militaire et policière. […] La fin des frontières et de la menace de guerre, pour un monde sans barrières et totalement démilitarisé. »
Il est important, en tant que communistes libertaires, de soutenir les luttes des peuples contre la colonisation et l’impérialisme sans que cela ne se traduise par un soutien au réarmement d’États amis de l’OTAN comme l’Ukraine et encore moins à un réarmement de l’État français.
Mais à gauche, quelles sont les organisations aujourd’hui audibles pour appeler à une alternative antimilitariste en Europe ? Les Soulèvements de la Terre ont donné l’exemple en rejoignant une coalition pour « faire la guerre à la guerre », ou plus précisément désarmer le militarisme en affirmant « c’est à nous, alors, de faire grève, de déserter, de perturber, de démanteler la logistique de leurs guerres » [1].
L’État français à la botte des patrons de la défense
Mais si l’antimilitarisme a si peu d’échos politiques et médiatiques en France, c’est, comme l’a montré la sociologue féministe Andrée Michel, parce que l’État français est intimement lié au complexe militaro-industriel. Rien que la carrière de l’industriel Serge Dassault en est l’exemple : ce milliardaire responsable d’une des principales entreprises de défense a été maire, conseiller département et régional, président d’agglomération, sénateur, patron de presse – le tout en étant condamné pour corruption, blanchiment d’argent et mis en examen pour achat de vote. Pas de surprise, dans ce contexte, de voir les présidents de la République successifs devenir les VRP de la vente de Rafales à de nombreux États dictatoriaux comme l’Arabie Saoudite. La course à l’armement est de fait un outil au service du maintien du système capitaliste et de l’enrichissement des grands patrons.
L’autre grand frein à toute mobilisation antimilitariste a été l’épouvantail du secret défense, bien utilisé par l’État français pour empêcher l’accès à l’information sur les luttes à mener. Dans ce contexte, le collectif Stop Arming Israel a réalisé, non sans difficulté, un travail important pour visibiliser les entreprises françaises impliquées dans la construction et la vente de matériel militaire utilisé par Israël pour commettre un génocide contre le peuple palestinien.
L’État français a sa part de responsabilité dans le génocide palestinien comme dans la politique militariste et impérialiste menée au Sahel, en Kanaky, à Mayotte et en Martinique notamment. Contre les peuples, l’État français défend le maintien d’un ordre colonial, raciste, bourgeois et sexiste.
Soutenir les peuples opprimés autrement
Mais alors comment soutenir les peuples opprimés plutôt que la militarisation des États ? Des organisations féministes comme des organisations syndicales ont montré la voie, par exemple avec le soutien de l’intersyndicale française aux travailleurs et travailleuses ukrainiennes pour une paix juste et durable [2].
Contre une course à l’armement viriliste, il nous faut construire une stratégie révolutionnaire pour la paix. Mais cet antimilitarisme n’est pas un pacifisme béat. La paix ne pourra s’obtenir qu’après reconnaissance des actes d’agression et une juste réparation.
L’antimilitarisme ne doit pas se limiter à une lutte contre le réarmement, mais doit aussi comprendre l’opposition au développement de toute culture militaire : la lutte contre le SNU et le retour du service militaire, la lutte contre les grandes expositions d’armement et la fête militaire du 14 juillet… Les combats antimilitaristes sont nombreux, les révolutionnaires y ont toute leur place !
Pierre (sympathisant de l’UCL Grenoble)





