Haine : L’inspection du travail en deuil et en colère




Le 2 septembre 2004, deux agents de contrôle, Sylvie Trémouille, contrôleuse du travail et Daniel Buffière, contrôleur de la MSA (Mutualité sociale agricole), ont été assassinés par un exploitant agricole lors d’un contrôle en Dordogne.

C’est la première fois depuis 1892, c’est-à-dire depuis la création de l’inspection du travail qu’un tel drame se produit.

Les agents de l’inspection du travail sous le choc de ce double meurtre ont exigé dans différentes régions que les services soient fermés au public le jour des obsèques.

Des manifestations ont été organisées et des délégations syndicales reçues au ministère de l’Agriculture et au ministère du Travail le 7 septembre.

Puis une partie des manifestant(e)s s’est rendue devant le siège du Medef que beaucoup d’agents de contrôle rendent indirectement responsable de ce qui s’est passé par ses attaques incessantes contre les fonctionnaires et la réglementation du travail.

Le 16 septembre, les agents du ministère étaient en grève à l’appel de la CGT, FO, SNU TEF, SUD Travail, UNSA et CFDT.

A Paris, les manifestant(e)s, environ 400 agents des services des inspections du travail, de l’agriculture et des transports, des services emploi des DDTEFP, de la DRTEFP et du ministère, ont choisi d’aller manifester devant Matignon et le siège de la FNSEA. Dans le quartier des Invalides, ils se sont couchés sur la chaussée, puis ont symboliquement jeté des codes du travail devant le cordon de CRS. Ces derniers, avec les gardes mobiles, ont empêché tout mouvement du cortège pendant plusieurs minutes sur le boulevard des Invalides, l’accès au métro était même interdit… Le cortège a finalement pu se rendre devant la FNSEA exprimant tout le bien qu’il pense du patronat agricole… Un site Internet www.terre-net.fr laisse même circuler de véritables appels au meurtre dans un de ses forums en laissant publier des messages comme : « Un bon inspecteur du travail est un inspecteur six pieds sous terre. »

Les syndicats ont été reçus ce jour-là par Gérard Larcher, ministre délégué aux relations du travail. Ils étaient porteurs des revendications soutenues depuis plusieurs années, dont un renforcement très important des moyens de l’inspection du travail, certains syndicats dont SUD réclamant un doublement des sections d’inspection.

David contre Goliath

Actuellement, il n’y a qu’environ 870 contrôleur(e)s et 430 inspecteurs/trices pour 15 millions de salarié(e)s , qui tentent, sans beaucoup de moyens et face à l’agressivité patronale (menaces, insultes, plus rarement agressions physiques sans soutien de leur hiérarchie), de défendre un droit protecteur pour les salarié(e)s , droit d’autant plus important dans les petites entreprises où n’existe aucune représentation du personnel et encore moins de syndicats.

Il faut donc recruter beaucoup plus d’agents de contrôle, permettre à ceux qui le souhaitent de faire des contrôles à deux, il faut également soutenir systématiquement les agents victimes d’agressions, financièrement, juridiquement et par un appui psychologique.

Par ailleurs, l’absence de condamnation dans les communiqués officiels des ministres et le silence quasi général des médias n’a fait qu’exacerber la colère des agents du ministère. Les médias se sont bien rattrapés tout de même dans les jours qui ont suivi, tant dans la presse écrite qu’à la télévision.

Les agents souhaitent enfin que les syndicats du privé soutiennent les revendications pour que l’inspection du travail garde son rôle de service de contrôle des entreprises et reste une empêcheuse de délinquer pour les patrons.

Même si l’avenir paraît sombre et le droit du travail de plus en plus vidé de son contenu…

Il faudra redoubler d’énergie pour que le code du travail ne disparaisse pas comme le souhaitent Seillière et ses acolytes qui sont en train d’attaquer sur tous les fronts sans une riposte syndicale à la hauteur. Dans un climat de désespérance grandissante des salarié(e)s, les confédérations et l’union syndicale Solidaires ont une lourde responsabilité.

Plus que jamais, le Medef est un fléau social !

Véronique

 
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