Politique

IIIe Congrès de l’UCL : Tenir la ligne




Début juin, l’Union communiste libertaire (UCL) se réunissait en Congrès à Grenoble, pour un temps fort de l’organisation. Elle ressort de ces débats avec de nouvelles orientations pour affronter une période politique tourmentée.

Du 7 au 9 juin, l’UCL a tenu à Grenoble son IIIe Congrès, accueillant 80% des groupes locaux de la fédération, représentés par environ 80 congressistes. Celui-ci s’est bien déroulé, grâce à une logistique bien huilée orchestrée par le groupe local de la ville. Il était marqué par une expérimentation dans l’élaboration des textes qui y ont été discutés.

Alors que les textes des Congrès précédents étaient issus de propositions libres des groupes locaux et des commissions de l’organisation, cette année il a été décidé que les motions traiteraient en priorité de cinq thématiques décidées démocratiquement par les militantes et militants lors d’une Coordination fédérale. Les motions ont ensuite été élaborées dans des groupes de travail dédiés réunissant des camarades de toute l’organisation.

Face au fascisme, renforcer notre anti-impérialisme

Le Congrès s’est ouvert autour d’un consensus sur le sujet d’une motion d’actualité portant sur l’islamophobie. Cette dernière a été analysée comme la « pierre angulaire du fascisme et de l’impérialisme », titre de la motion rédigée durant le Congrès, et adoptée à l’unanimité à sa clôture. Une seconde motion d’actualité sera proposée et adoptée par la suite, affirmant notre soutien à la Freedom Flotilla, qui venait d’être arraisonnée par l’armée israélienne alors qu’elle tentait de rejoindre les côtes palestiniennes.

L’UCL réunie en Congrès a affirmé son soutien à la Freedom Flotilla, dans son objectif de briser le blocus de Gaza mis en place par l’État génocidaire israélien.
commission Propagande de l’UCL

Le début du Congrès a aussi permis de discuter d’une motion d’orientation générale, tirant un bilan de l’activité de l’UCL ces dernières années et proposant des perspectives pour la suite de son action et de sa structuration. Le texte porte aussi l’idée que la lutte contre les impérialismes doit être centrale dans la période, une notion qui a fait l’objet d’une motion spécifique.

En effet, l’un des thèmes centraux traités lors de ce Congrès devait être « l’analyse du fascisme et son lien avec l’impérialisme et le colonialisme ». Une thématique qui fera l’objet de débats animés, autour de trois textes défendant des lignes différentes, parfois opposées. C’est finalement la motion « Battre le fascisme ­partout » qui sera adoptée, proposant une analyse théorique et historique de l’articulation ­entre fascisme et impérialisme, mais également une large partie dédiée aux « perspectives stratégiques », visant à doter l’UCL d’un plan d’action dans une période de montée de l’extrême droite et des impérialismes.

Appuyant la nécessité de marquer notre soutien aux « résistances populaires anti-impérialistes, en Palestine, en Ukraine, en Kanaky et dans le reste des colonies françaises », le texte affirme aussi notre volonté de ne pas tomber dans les écueils d’analyses campistes qui nieraient l’autonomie des peuples, ou de positions « ni-nistes » qui refuseraient de se positionner par excès d’idéalisme.

Concernant les tensions qui peuvent traverser les organisations du mouvement social autour de ces sujets, le texte affirme qu’il « faut réussir, non pas à évacuer ces débats, mais à les tenir dans une dynamique d’unification de notre camp social et non d’accentuation de la fragmentation des luttes », rappelant que la division n’est pas une option face à « des ennemis déterminés et mortels ». Le texte fait aussi une priorité d’agir contre l’impérialisme français, sur lequel nous avons les prises les plus directes.

Coordination et structuration

Autre axe majeur de ce Congrès, une motion revenait sur notre « coordination dans la construction des contre-pouvoirs ». L’occasion d’une clarification théorique autour de la notion de contre-pouvoirs, occupant une place importante dans notre Manifeste et notre stratégie révolutionnaire.

Mais loin de se contenter de cette clarification, la motion vise à mieux structurer l’investissement des militants et militantes de l’UCL afin de permettre la mise en place d’une « unité stratégique », faisant parfois défaut à notre organisation fédérale. En parallèle, ce renforcement structurel a aussi été marqué par la création d’une commission Propagande, dédiée à la conception de notre matériel de communication militante, et d’une commission Sérénité organisée , visant à assurer la sécurité de l’organisation et de ses membres. Deux charges qui étaient jusqu’à présent assurées de façon moins cadrée et structurée.

commission Propagande de l’UCL

Tous les débats ne se sont néanmoins pas soldés par des adoptions de texte. Ainsi, une motion sur « La prostitution et le travail du sexe » n’a pas pu atteindre la barre des 60% d’approbation exigés pour l’adoption d’une motion de Congrès. Le signe d’un sujet qui reste clivé au sein de l’organisation, où se côtoient des lignes et des héritages politiques parfois divergents sur le sujet. Ce temps aura néanmoins permis d’aborder ce thème pour la première fois depuis la création de l’UCL, il y a six ans.

Plusieurs groupes locaux ont estimé que le sujet n’était pas encore assez mûr au sein de l’organisation et nécessitait d’avantage d’échanges et de formations pour aboutir à une position qui puisse faire suffisamment consensus pour être portée largement par les militantes et militants : le résultat des votes semble confirmer cette analyse.

Alternative libertaire  : un outil consolidé

Un temps important a également été dédié à une motion visant à restructurer les finances de l’organisation, en tranchant différentes questions relatives à la gestion de son budget et de sa trésorerie, actant des modifications concernant les montants des cotisations ou nos temps démocratiques, mais aussi la mise en place de différents outils visant à rendre les fonctionnements administratifs de l’organisation plus clairs et plus transparents pour ses adhérents et adhérentes. Ce temps a aussi été l’occasion de discuter de plusieurs points concernant Alternative libertaire (AL) !

Les votes à ce sujet ont réaffirmé un fort attachement de l’UCL à la présence du journal en kiosque, pensée comme un choix politique assumé financièrement. Si un ralentissement de la parution a été discuté, il a finalement été rejeté : AL continuera donc de paraître mensuellement – à l’exception habituelle de ce numéro d’été ! Les discussions auront permis de dégager des pistes pour permettre une meilleure appropriation du journal par les militants et militantes, et de recruter de nouvelles et nouveaux volontaires pour participer à sa conception.

Il ressort de ce Congrès un réel renforcement de la capacité de l’UCL à élaborer collectivement, et à affronter ses débats internes de manière ouverte et constructive. Mais aussi une feuille de route claire pour guider son action dans les années à venir : un programme exigeant, à la hauteur de notre idéal révolutionnaire !

Le Secrétariat fédéral de l’UCL

 
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