IIIe congrès du NPA : L’audace ou l’enlisement




Le IIIe congrès du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) s’est tenu du 30 janvier au 1er février 2015 à Saint-Denis. Retour sur les débats.

Les débats du IIIe congrès du NPA ont encore une fois été marqués principalement par les divergences sur les relations avec le Front de gauche, même si celles-ci se sont exprimées sur d’autres points (relations avec les autres courants, fonctionnement et construction du parti). Cela a toutefois permis de clarifier la question des alliances électorales avec le Front de gauche, puisqu’une majorité des délégué-e-s a décidé qu’il n’y aurait pas d’alliances avec ce dernier, notamment à l’occasion des présidentielles de 2017.

Plus de majorité interne

Par ailleurs cinq plates-formes étaient initialement proposées au vote et aucune n’a rallié une majorité de suffrages. Cela s’explique principalement par le fait que l’ancienne majorité s’est scindée en deux. Mais cela a pour fâcheuse conséquence que pour les deux années à venir les majorités se construiront au coup par coup et que cela peut conduire à une balkanisation du NPA tant la coexistence est de plus en plus tendue entre courants.

Plates-formes locales audacieuses

Ce tableau peu avenant doit être nuancé par le fait que le NPA a fait partie des forces politiques anticapitalistes qui ont eu le courage de s’opposer la politique d’union sacrée derrière Hollande et Valls après les assassinats à Charlie Hebdo et à l’Hyper Casher 
 [1]. Le congrès a aussi témoigné de la vitalité de nombre de comités NPA et de la volonté d’un certain nombre d’entre eux de se réapproprier leur organisation minée par les affrontements
entre courants. C’est d’eux qu’a émergé une sixième plate-forme dite des plates-formes locales.

Ces dernières ont rassemblé des militants et militantes qui ont fait le choix de ne soutenir aucune des cinq plates-formes nationales, même si certains en partageaient une partie des éléments. La plupart protestaient ainsi contre une division des plates-formes 1 et 2 qui leur semblait absurde. Cette attitude de défiance a été motivée par une volonté de remettre en cause un fonctionnement parlementaire qui stérilise les débats au profit des enjeux de pouvoir. Ainsi, ces plates-formes locales ont exprimé deux exigences  : celle de la dissolution des plates-formes après le congrès, leur existence devant se limiter aux congrès et aux réunions nationales, et celle de redonner le pouvoir aux comités NPA en faisant de leur vote la seule source de légitimité pour décider de l’orientation nationale en lieu et place des tendances qui de fait monopolisent élaboration et décision.

Cette expression des comités NPA atteint un niveau historique dans l’histoire de ce courant. Elle prolonge la réflexion initiée depuis trois ans entre autres par celles et ceux qui avaient construit le réseau «  Sauvons le NPA  » ou qui se définissent comme militants «  libertaires du NPA  », une réflexion qui est potentiellement porteuse de remises en cause d’un avant-gardisme qui reste une marque de fabrique du NPA en dépit de ses références à l’autogestion.
Certaines de ces plates-formes comme celle du Gard et de
l’Hérault ont été un peu plus audacieuses notamment en défendant une stratégie unitaire de front anticapitaliste, stratégie également défendue par la plate-forme 5. Mais cette stratégie n’a pas été validée par les autres courants qui sont loin d’en faire un moyen de lutte prioritaire. Pour avancer, il n’y a pas le choix : débats et initiatives doivent se multiplier pour faire avancer l’unité des anticapitalistes.

Laurent Esquerre (AL Paris-nord-est)

[1Notamment en cosignant avec Alternative libertaire, le Parti communiste des ouvriers de France et le Mouvement des objecteurs de croissance le communiqué «  Pour la liberté d’expression et contre l’union sacrée  ».

 
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