IVG : Menaces sur le droit à l’avortement.




Si les premiers droits attaqués en France sont les droits des travailleurs et travailleuses ainsi que les droits des chômeurs, chômeuses et pauvres parce que le gouvernement fait le programme du Medef, d’autres droits sont directement ou indirectement menacés par la droite extrême qui nous gouverne et en particulier le droit à l’avortement.

L’amendement présenté par J.-P. Garraud, député UMP, instituant un délit d’interruption involontaire de grossesse (ajouté à un texte traitant de criminalité organisée !) aurait conduit à reconnaître une existence légale et une personnalité au fœtus, ce que la loi française a toujours refusé. Garraud avait déjà essayé au début de l’année, dans le cadre de la loi sur la sécurité routière, mais l’amendement avait été rejeté fermement par le Sénat.

Cet activisme est le fruit d’un travail de lobbying intense de professeurs de droit catholiques qu’on avait déjà vu à l’œuvre pour combattre l’arrêt Perruche. Son amendement a pu être voté car sa démarche était soutenue par Perben, le ministre de la justice qui s’efforce de rabattre à son profit les voix des catholiques traditionalistes lyonnais en vue de conquérir le conseil régional de Rhône Alpes en mars 2004

La Cour de cassation a toujours affirmé qu’il ne peut y avoir d’homicide involontaire contre un fœtus. L’IVG (interruption volontaire de grossesse) serait restée légale, mais, devenue homicide légal, il n’aurait sans doute pas fallu longtemps pour qu’elle redevienne interdite.

La droite peut nier qu’elle attaquait l’avortement de façon détournée par cet amendement, l’approbation enthousiaste des anti-IVG nous prouve le contraire. De plus, l’affaire portée devant la Cour européenne des droits de l’homme par une femme dont la grossesse a été interrompue à cause d’une erreur médicale, et parce que les tribunaux français refusent de considérer qu’il y a eu homicide involontaire, est défendue par l’avocat de Laissez-les vivre (association anti-IVG), et de Jean-Marie Le Pen (Libération du 12/12/03).

La faiblesse des moyens des services concernés dans les hôpitaux fait qu’avorter dans les délais et dans de bonnes conditions relève du parcours de la combattante et aucun moyen supplémentaire n’est annoncé. L’avortement médicamenteux a été autorisé en médecine de ville par une loi de 2001 mais le ministre de la Santé n’en publie pas les décrets d’application et ne répond pas aux demandes abondant en ce sens du Mouvement français pour le planning familial (MFPF). L’autorisation accordée aux intégristes catholiques de SOS tout-petits (autre association anti-IVG) de manifester à proximité du siège du MFPF est un autre signe de cette ambiance de retour à l’ordre moral.

Et si la mobilisation des féministes, des gynécologues, d’organisations syndicales et politiques et de quelques personnalités a éloigné la menace cette fois-ci, nous devons tous et toutes être vigilant(e)s et mobilisé(e)s face aux attaques contre les droits des femmes.

Christine

 
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