Immigration : Pour ne pas dissocier classisme et racisme




On assiste actuellement, dans la mouvance antiraciste politique, à une tendance à vouloir autonomiser les rapports sociaux de racisation des autres rapports sociaux et en particulier de la classe sociale.

Nombre d’analyses actuelles du racisme n’approfondissent pas suffisamment leur vision pour remonter jusqu’à une étude matérialiste s’appuyant sur l’analyse des rapports sociaux de travail. Il est possible pour cela de partir en particulier de la géographie marxiste de la dépendance de Immanuel Wallerstein qui distingue au niveau du système économique mondial  : les centres économiques, les semi-périphéries et les périphéries.

L’Europe du Nord-Ouest constitue un centre économique. L’Europe du Sud et de l’Est en constitue les semi-périphéries. Les débats autour des travailleurs détachés, par exemple, s’explique par les inégalités économiques entre cen­tre et semi-périphérie. Il existe donc une ethnicisation des travailleurs de la semi-périphérie, principalement polonais et portugais. Par exemple, encore aujourd’hui, l’immigration portugaise est constituée pour moitié d’hommes dans le secteur du bâtiment et pour un tiers de femmes dans le secteur du service à la personne.

Discriminations à l’embauche

Les pays de la périphérie de l’Europe se trouvent plutôt en Afrique. Mais en rejetant la Roumanie hors de l’espace Schengen, cela permet de rejeter les Roms dans la périphérie. Les immigré.es et descendants d’immigré.es de la périphérie tendent à être exclu.es du marché du travail soit par des politiques migratoires, soit par un surchômage, soit également par des discriminations.

L’Asie du Sud-Est tend à apparaître comme une rivale des centres économiques du Nord-Ouest. Ainsi, l’immigration du Sud-Est asiatique connaît une ascension sociale économique spectaculaire en Amérique du Nord et en Europe qui ne va pas sans susciter des craintes. Ainsi, en témoignent les tentatives dans les universités américaines de bloquer la réussite des étudiants asiatiques.

Historiquement, il est possible de remarquer que les formes de discriminations religieuses ont pu être utilisée pour bloquer l’ascension sociale de certains groupes. Une récente étude sur les discriminations religieuses montre que les juifs et les musulmans pratiquants sont discriminé.es à l’embauche par exemple avec un niveau BTS.

La notion d’immigré se distingue de celle de l’expatrié en ce que la première tend à désigner des personnes occupant des postes non qualifiés, tandis que la seconde désigne une migration très qualifiée.

La figure de l’immigré.e

Ce n’est pas pour rien que certains mouvements anti-raciste en France, comme le Front Uni de l’immigration et des quartiés populaires (FUIQP) ou le Mouvement immigration banlieue (MIB), ont choisi de maintenir la notion d’immigré comme figure de la lutte antiraciste. En effet, comme l’avait mis en avant le sociologue Abdelmalek Sayad, l’immigré est un quasi-synonyme de travailleur.

A l’inverse d’autres notions comme racisés ou indigènes ont l’inconvénient d’être interclassistes.

Irène Pereira

 
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