Imprimerie nationale : On brade !




Il n’y a vraiment que dans le milieu de la mode que le patron est considéré comme un modèle. En tout cas celui - ou ceux on sait plus - de l’Imprimerie nationale, si un jour les faux derches volaient, ne seraient sûrement pas dans la tour de contrôle.

Contrôlée à cent pour cent par l’Etat, elle en est à son deuxième plan social en un an et rien ne préside à l’optimisme. Du côté des salariés bien entendu. Pour le reste, l’Etat patron se comporte comme un voyou et un lâche. La seule liberté du patron nommé en conseil des ministres n’est fonction que de la longueur de la laisse fermement tenue par Sarkozy. Dernier épisode en date, la vente au privé par le ministre des Finances de l’usine de Bondoufle (Essonne), clé en main, au groupe Maury, bien connu dans toute la profession pour son agressivité commerciale. Le PDG, ami de Madelin, n’est qu’un malheureux et pitoyable bourreau. Son plan social était d’après lui un modèle. Il n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles, à tel point qu’il a voulu nous le faire avaler tout cru avec du pain sec et de l’eau claire. Indemnités de licenciements conventionnelles, c’est-à-dire les fonds de tiroir, aucune mesure d’âge significative quand on considère l’âge moyen entre 45 et 50 ans de la population de cette entreprise. Exemplaire on vous dit !

Privilégier économiquement le patronat privé plutôt que de protéger les intérêts de l’Etat, la doctrine libérale est en branle et, à force de prendre les salariés pour des demeurés, il arrive bien un moment où les choses commencent à bouger. Elles commencent si bien à bouger que près de 800 salariés de Douai, d’Evry et de Paris (1 000 selon L’Humanité, seul quotidien national à reprendre l’info, et « on ne sait pas » selon la police) se sont retrouvés sur le pavé parisien le 9 mars dernier. Première provocation, un directeur de cabinet a refusé de recevoir dans la délégation un élu du syndicat majoritaire CGT, au profit d’un député PS. On imagine la bronca des manifestants prêts à s’inviter. Volte-face immédiate pour entamer des négociations sérieuses entre les véritables mandatés du personnel, les responsables des fédérations syndicales sortis de leur torpeur et les représentants de l’Etat qui refusaient jusqu’à présent la moindre responsabilité, délégant celle-ci au seul roquet de la DRH ou au PDG. On peut supposer que si l’Imprimerie nationale avait engrangé des bénéfices, ces mêmes représentants auraient parfaitement su les utiliser. Mais cette fois il y a 500 suppressions de postes à gérer. Et comme on l’a entendu chez les manifestants : « on attend la liste de Schindler ! » Ce n’est peut-être pas très élégant, mais c’est parlant en tout cas.

Premiers coups de griffes et premier avertissement qui, nous l’espérons, ne furent que les premiers signes de notre détermination.

Loïc Lenoir

pour visiter le site de Graphê, association pour la promotion de l’art typographique, cliquez sur le lien suivant : http://www.garamonpatrimoine.org/

 
☰ Accès rapide
Retour en haut