Industries pharmaceutiques : Exproprier sans rachat ni indemnités




Dans le projet social-démocrate porté par la France insoumise, la création d’un « pôle public du médicament » est censé corriger le gâchis causé par une industrie pharmaceutique obsédée par la seule rentabilité financière. Problème : s’il se fait sans expropriation de l’industrie pharmaceutique réellement existante, ce "pôle public" sera impuissant.

Le 2 juin, profitant d’une niche parlementaire, LFI a soumis une proposition de loi visant à créer ce « pôle public du médicament ». Celui-ci aurait « vocation à s’assurer de l’approvisionnement de la France en matière de dispositifs médicaux » et serait financé par une réattribution des 6 milliard d’euros d’argent public qui aujourd’hui, via le crédit d’impôt recherche (CIR) partent dans les poches des actionnaires de l’industrie pharmaceutique, sans aucun autre effet pratique.

Cette proposition de loi, n’ayant aucune chance d’être votée par la majorité macroniste a surtout une valeur d’affirmation programmatique. Elle montre bien la limite du programme social-démocrate, puisque LFI évite d’y évoquer la nécessaire expropriation des grands groupes pharmaceutiques, sans laquelle ce « pôle public » serait impuissant.

En 2017, dans une interview au site web Le temps des lilas, Thierry Bodin, coordinateur CGT chez Sanofi, expliquait : « Le pôle public du médicament ne peut pas être un pôle public à constituer à partir “de rien” alors qu’aujourd’hui 95 % de l’industrie pharmaceutique est d’origine privée. La Pharmacie centrale des hôpitaux sur laquelle se fonderait ce pôle public du médicament dans le programme de LFI, soyons clairs, elle ne peut pas répondre à l’enjeu. [...] Moi en tant que salarié de Sanofi, je pense que cette entreprise a toute sa place au sein d’un pôle public […] parce qu’il est clair que reconstruire un pôle public du médicament seulement à partir de ce qui existe du public ne répondra pas aux enjeux fondamentaux et sera vite écrasé par le poids de l’industrie pharmaceutique privée. »

Cela suppose donc au pire une nationalisation, au mieux sa socialisation. Problème : l’ordre politique s’y oppose. « La Constitution actuelle nous imposerait d’indemniser les actionnaires. » Difficile, estimait Thierry Bodin, « au regard du coût exorbitant de l’entreprise ».

Seule solution, pour l’UCL : une expropriation sans indemnités, au nom de l’intérêt général. Une mesure révolutionnaire, qui supposerait de briser le carcan de la légalité.

Le syndicaliste CGT n’éludait pas : « C’est la question de la socialisation de cette industrie voire de l’expropriation, qui est une question complexe… Il faut que ce soit porté par la population, que ça devienne une revendication, pour créer
le rapport de force nécessaire.
Et là, ça serait possible… »

Guillaume (UCL Montreuil)


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