Syndicalisme

Info’com CGT : Mauvaise passe pour les virtuoses du virtuel




Une direction très douée pour faire le buzz avec des visuels radicaux mais des pratiques militantes des plus corporatistes et modérées… C’est le paradoxe Info’com-CGT, dont la fortune a subi quelques revers ces derniers temps.

Un visuel homophobe, qui plaçait Laurent Berger (CFDT) et Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) dans une scène SM, a récemment amené les projecteurs sur ce petit syndicat. C’est l’occasion d’un éclairage sur cette structure née en 2006 sur les cendres d’une vieille organisation ouvrière : la Chambre syndicale typographique parisienne (CSTP). Un syndicat de métier puissant qui a engrangé d’immenses succès au profit de ses membres, mais aussi un pilier idéologique du réformisme dans la CGT depuis toujours.

Avec la numérisation des années 1980-1990, le métier de typographe a peu à peu disparu, et les permanents de la CSTP ont cherché un avenir. Ils ont rebaptisé la structure Info’com, conservé le pactole accumulé par la CSTP sur un siècle d’activité et, pour perdurer dans les rédactions de presse, ont entrepris de syndiquer des personnels relevant du champ de syndicalication d’autres syndicats CGT, une concurrence pourtant proscrite par les statuts confédéraux. Braconnant dans la presse régionale, il se fâchera ainsi avec le SNJ-CGT. Pour un résultat très faible. En dehors du Journal officiel, où les responsables d’Info’com sont aussi gérants d’une commandite sur une partie de l’entreprise où existe une prime de non-grève (!), d’une présence chez Publicis et Derichebourg, l’extension d’Info’com est un échec.

Car dans la profession, tout le monde sait qu’Info’com est un syndicat des plus modérés, qui s’oppose aux grèves pouvant entraver la parution d’un journal. Marc Peyrade lui-même, fondateur d’Info’com puis secrétaire général de la fédération CGT du Livre, reconnaissait qu’au nom de la mission démocratique d’information de la presse, il ne pouvait pas se faire à l’idée d’arrêter les journaux...

Un attelage improbable avec SUD-PTT 92 et la CGT-Goodyear

À la mort de Peyrade, la machine à faire du bruit s’est emballée. Faute d’exister sur le terrain des entreprises et des luttes, Info’com s’est spécialisé dans la provocation, avec des visuels très forts, au point d’en faire commerce, et de les facturer à d’autres organisations ! Ses positions ont été de plus en plus radicales, souvent justes mais totalement déconnectées de ses pratiques réelles. Habile sur les réseaux sociaux à capter la radicalité, prenant des initiatives qui comblaient parfois les vides de la direction confédérale, Info’com s’est allié, dans un attelage improbable, avec deux authentiques syndicat de lutte, SUD-PTT 92 et la CGT-Goodyear. Mais il n’est pas si facile de construire une alternative à la CGT !

Le lancement d’une caisse de grève très médiatisée a été le dernier succès d’Info’com dont l’étoile, ces derniers temps, a pâli : une partie des dirigeants historiques ont été mis sur la touche, et l’alliance avec SUD-PTT 92 a fait long feu. Pour finir, Michaël Wamen, ex-leader de la CGT-Goodyear, qui avait adhéré à Info’com après une reconversion professionnelle, en a démissionné en mai avec fracas, en déplorant publiquement la duplicité et la vénalité qu’il dit y avoir découvertes...

Jean-Yves (UCL Limousin)

 
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