Syndicalisme

La CGT perd le nord




La CGT cherche la boussole. L’unité syndicale avec qui, sur quelles bases, pour faire quoi et comment ? Ces débats traversent toute la CGT des bases aux sommets. L’enjeu est considérable tant pour l’avenir du syndicat que pour l’ampleur des mobilisations à construire contre les prétentions du Medef et contre la politique du gouvernement.

On n’y comprend plus rien  ! D’un côté, Thierry Lepaon assure que la CGT n’est pas dans l’opposition au gouvernement, et dans la réalité, la CGT dénonce toutes les « réformes » phares menées par Hollande  : retraites, Accord national interprofessionnel (ANI), formation professionnelle, pacte de responsabilité, accord Assedic...

D’un côté, la CGT signe avec la CFDT et l’UNSA une plateforme de contreparties au Pacte de responsabilité avec une manif le 4 avril ; de l’autre, elle signe une déclaration avec Solidaires qui est un catalogue correct des luttes à mener, et enfin elle appelle à manifester le 18 mars avec FO, Solidaires et la FSU.

D’un côté, le bureau confédéral se prépare à signer l’accord sur formation professionnelle  ; de l’autre, il est désavoué par la délégation qui négociait, appuyée par une large majorité de fédérations et unions départementales.

L’unité est un fil de rasoir

Dans la CGT, le débat sur l’unité est systématiquement perturbé par des enjeux politiques croisés. Au nom de l’unité certains sont prêts à capituler politiquement et à rallier un syndicalisme d’accompagnement. A l’inverse d’autres sont prêts à l’isolement total plutôt qu’au travail unitaire avec des « réformistes » et/ou avec des « gauchistes », à tous les étages des directions syndicales.

Pour pouvoir mener sereinement une politique unitaire offensive sur des bases radicales, il faudrait que ces directions et le bureau confédéral en premier lieu se stabilisent politiquement autour du refus du sectarisme issu des traditions staliniennes et de l’affirmation des valeurs d’un syndicalisme de classe portant le drapeau de l’émancipation sociale.

Mener les débats et les combats

Il revient aux militantes et militants de s’emparer de ces débats et de les faire progresser. En même temps, il revient aux militants la responsabilité de construire les mobilisations dans un contexte perturbé par les calendriers des uns (4 avril avec la Confédération européenne des syndicats) et des autres (18 mars avec FO). Mais il faut d’abord faire le bilan du 6 février. Une journée concédée par la direction aux secteurs les plus combatifs, mais une journée préparée de façon très inégale avec de rares soucis d’élargir à d’autres syndicats. Et un résultat en demi-teinte : oui la colère sociale existe et s’exprime, mais non la CGT seule ne réussit pas une journée d’action qui mette la pression.

Réussir le 18 mars comme un tremplin pour construire une opposition de masse, une opposition de rue, une opposition de grève, est donc l’enjeu des semaines qui viennent. Malgré les propres contradictions de FO. Il ne s’agit pas comme le dit Lepaon de s’enfermer dans un « club du non » mais bien de construire et d’élargir le club du refus des régressions sociales et plus largement le club des travailleuses et travailleurs en lutte contre le capitalisme.

Jean-Yves (AL Seine-Saint-Denis)

 
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