La COP26 : plus qu’une farce, un cirque entier




La COP26 s’est achevée. S’il y a quelques années encore, elle pouvait entretenir l’espoir d’une réponse internationale à la crise climatique, aujourd’hui l’illusion tient de plus en plus difficilement. Des traités ont succédé à d’autres traités, parfois en revoyant les objectifs à la hausse, souvent en les revoyant à la baisse, quand ce ne sont pas carrément des pays qui s’en sont retirés. Il reste, une fois de plus, que rien n’est contraignant. Toutes les belles déclarations restent dépendantes du bon vouloir de dirigeants qui préfèrent maintenir leur domination économique quitte à sacrifier la planète sur l’autel de la compétitivité.

Dans une ironie propre à notre époque, la COP26 a vu ses participantes créer un embouteillage de jets privés. Parmi les embouteilleurs, on retrouve jusqu’au Premier Ministre britannique qui revenait d’un déplacement en Italie. Qu’il vienne alors annoncer que la Grande-Bretagne prendra des engagements « extrêmement audacieux » relève d’une indécence supplémentaire. Il n’est pas le seul dans cette situation, qui est tout au plus un symptôme exacerbé qui montre que même la droite conservatrice, si hostile à l’action écologique d’habitude, est capable d’essayer de faire son beurre dessus (même avec les mains sales).

Rien dans les mains, rien dans les manches… et des trous dans les poches

Et c’est donc sans surprise qu’aucune mesure d’ampleur n’a été prise pour la justice climatique. Bien qu’un fonds existe pour soutenir les pays les plus touchés par le changement climatique en cas de catastrophe, le bloc des États africains, qui rassemble 24 pays, repart une fois de plus les mains vides. Ces derniers exigeaient 1,3 milliard de dollars par an pour réduire leurs émissions et faire face aux conséquences du changement climatique, mais les dirigeants bourgeois de l’UE**, dont la France,** ont refusé jusqu’au dernier moment un financement additionnel. La manne financière que représente la COP ne pourra pas profiter aux pays les plus exposés au changement climatique car les pays développés « craignent en effet que la reconnaissance des pertes et préjudices ne débouche sur des poursuites judiciaires et des demandes de compensation financière à leur égard ». Il ne faudrait tout de même pas que l’image de chevalier blanc des pays développés en soit ternie, surtout si ça remet en cause les rapports de domination internationaux dont ils profitent - et jamais ce colonialisme n’accepterait le risque d’une annulation de la dette qui fonderait paradoxalement la possibilité des États du Sud à agir au sein du capitalisme.

Du reste, le président Macron fait de la France un parangon de la vertu écologique dans un beau numéro d’autocongratulation. Il vient déclamer sa grande tribune morale qui veut « crédibiliser l’objectif 1.5 °C » et qui distingue « ceux qui ont oublié ces valeurs [de l’Accord de Paris] et ceux qui ont tenu bon. ». Très joli discours, en effet, on verserait presque notre petite larme pour une France qui aurait tenu bon. Sauf que voilà, sur le fil, juste avant la COP, un accord a été conclu avec les principaux pays pro-gaz d’Europe centrale (Pologne, Hongrie, et d’autres) afin d’inclure le gaz comme énergie verte dans la taxonomie européenne. En retour ces pays poussent pour y inclure le nucléaire dont Macron est devenu un promoteur.

Cet arrangement aura conduit la France à ne pas rejoindre l’accord de la COP sur la fin du financement des énergies fossiles à l’étranger. Après tout, nous ne sommes plus à ça près, les villes minières d’Orano qui extraient l’uranium français dans le désert du Niger ne tournent-elles pas au charbon ?

Du gaz, du nucléaire et un futur qui s’enfouit

Plus globalement, la France se sera servie de la COP comme moyen de faire un lobbying nucléaire versant définitivement dans le clownesque. Les porte-paroles oseront même dire que le nucléaire est le résultat d’une nécessité pragmatique qui ne laisse pas de place à l’idéologie. Les annonces du dernier discours de Macron sur les nouveaux réacteurs SMR (Small Modular Reactor) ne correspondent ainsi pas à une volonté d’amorcer une quelconque transition énergétique, elles sont le fruit d’une stratégie de vente qui dépasse l’indécence. Alors que des pays sont ravagés et que le futur de l’humanité est en péril, EDF et le gouvernement français se comportent comme des marchands de tapis pour rentabiliser leurs investissements. Le nucléaire français fait peser le poids de tout son lobby. Comme toute institution capitaliste, elle choisira prioritairement sa propre expansion avant toute considération environnementale. Le but n’étant pas de préserver l’environnement mais bien de promouvoir une industrie nationale portée par des technocrates qui n’ont jamais eu de comptes à rendre. Et qu’importe si sa place en devient encore plus centrale, et si on en devient plus dépendant : il faut produire plus !

Le modèle productiviste a profondément compromis les conditions de vie de nos générations et de celles à venir mais peut-être qu’en fonçant suffisamment vite dans le mur, on passera à travers ? En tout cas, c’est ce que semblent vouloir faire croire les dirigeantes présentes en piste à Glasgow ces deux dernières semaines.

Union communiste libertaire, le 21 novembre 2021.

 
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