La Poste : 20 % privatisés, c’est 20 % de trop




Ça y est c’est son tour : le groupe La Poste veut privatiser 20 % de son capital. Face à ce coup de tonnerre les syndicats essaient de réinventer l’unité d’action, et de faire appel aux usagères et aux usagers.

Début juillet, le quotidien Le Monde lançait un pavé dans la mare : le président du groupe La Poste, Jean-Paul Bailly, préparait l’ouverture du capital à hauteur de 20 %. Entre démenti hésitant, confirmation du gouvernement, les rebondissements n’ont eu de cesse jusqu’à la signature, mi-juillet, du contrat de service public qui fixe les engagements respectifs de l’État et de la Poste. Là, le masque était levé.

Pour La Poste, la justification est simple : l’entreprise est endettée, elle manque d’ambition à l’international, il lui faut donc de l’argent frais. Or, ces arguments ressemblent fort à ceux employés par France Telecom, EDF ou GDF lors de leur mise sur le marché. Des arguments qui ont montré leurs limites les mois ou les années qui suivaient. À France Telecom l’endettement a explosé après la privatisation. Quant à EDF et GDF, l’augmentation des tarifs pour les usagers a suivi une courbe quasi exponentielle après l’ouverture du capital.

L’enjeu pour la Poste est tout aussi important que pour les autres entreprises publiques, voire encore plus, car il s’y ajoute l’accessibilité bancaire – il faut se souvenir que le livret A est souvent le seul compte accessible aux plus pauvres et aux demandeuses et demandeurs d’asile par exemple – et la cohésion territoriale – souvent le bureau de poste en zone rurale – est le seul service public qui reste et un lien social très fort dans ces zones désertées.

Cette ouverture du capital nécessite évidemment une réplique de toutes et de tous, que cela soit dans l’entreprise ou parmi les usagers de la Poste. Les organisations syndicales se sont rencontrées une première fois, début juillet, et ont sorti un communiqué intersyndical, une première depuis longtemps à la Poste.

Riposte syndicale

Même si cette unité est fragile, elle est cependant importante. Les organisations syndicales se revoient le 2 septembre en vue d’une journée de mobilisation dans le courant du mois.

Mais la question est aussi posée des usagères et des usagers. On peut regretter, sur ce point, un manque d’unité syndicale. La CGT a décidé, seule, de lancer une pétition en ligne qui a du mal à démarrer. SUD-PTT, de son côté, a également mis en route une pétition… Mais surtout la fédération a essayé d’élargir au-delà du champ professionnel en invitant un large spectre d’associations, de syndicats et d’organisations politiques (dont AL) le 4 septembre. Le but est d’aller au-delà des simples signatures de pétition et d’enclencher un véritable mouvement qui s’ancre dans la population et qui parvienne à marquer des points dans « l’opinion publique ».

Sauver la Poste, c’est d’une part sauver ce qui reste du service public postal qui a déjà été largement entamé par les gouvernements successifs PS-PCF-Verts ou UMP. C’est d’autre part être plus à l’offensive en proposant un modèle postal qui correspond au besoin de la population et du pays. Et, évidemment Alternative libertaire aura toute sa place dans ce débat.

Germinal de Sousa (AL Orléans)

 
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