La République du Centre : La lutte au quotidien




Dans le Loiret, les plans sociaux pleuvent. Un des derniers en date est celui qui a concerné 78 salarié-e-s du quotidien local La République du Centre. Résultat des courses  : les licenciements et la fermeture de l’imprimerie du journal. Pourtant, entre novembre et janvier, les salarié-e-s de La Rép’ se sont battus…

En 2010, le groupe Centre-France, dont le titre phare est le quotidien clermontois La Montagne, rachète La République du Centre. Dans une logique de concentration capitaliste, il s’agit de trouver le moyen de plus et mieux gaver ses actionnaires  : depuis 2009, dix titres ont été ainsi rachetés par Centre-France  ! Bien sûr, cela assure de confortables revenus à ces patrons de presse avec 223,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012. Miam… mais pas pour tout le monde  : le groupe décide en novembre dernier de se restructurer pour augmenter encore ses bénéfices. Avec, pour l’occasion, un plan social de 230 suppressions d’emplois dans tout le groupe dont 78 à La Rép’. Centre-France est bien un patron-voyou… comme les autres  !

Les salarié-e-s cherchent assez vite à mobiliser. La section CFDT, majoritaire sur le site, organise ainsi une manifestation pour l’emploi le 16 novembre à Orléans.

Comment lutter ?

Des délégations d’autres boîtes menacées de fermeture sont également dans la rue ce jour-là, dont celles de FagorBrandt et TRW, mais aussi l’intersyndicale départementale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, CGC, qui appelle à la manifestation. Ces prémices de front de lutte contre les licenciements n’auront malheureusement pas de suites. Les syndicats du groupe et de La Rép’ décident de jouer la carte des négociations avec la direction. Et que leur apporte-t-il ce « dialogue social » tant vanté par Hollande et le Medef  ? Rien. Le 18 janvier, interrompant la parution du journal, les salarié-e-s de La Rép’ font le choix qui s’impose  : celui de la grève reconductible.

Le 28 janvier, les grévistes «  séquestrent  » durant 24 heures le directeur général et le DRH. Leurs revendications  ? L’assurance que l’imprimerie du journal à Saran ne fermera pas. On ne leur parle que de prime de départ de 7 500 euros par tête de pipe alors que les syndicats se sont arrêtés sur une indemnité de 20 000 euros pour chaque licencié-e  [1]. De quoi énerver, c’est sûr…

Occupation, réquisition, autogestion

Mais le 31 janvier, c’est bien un accord qui ne comporte que des «  garanties  » sur les licenciements qui a été signé à l’échelle du groupe par les syndicats majoritaires. Et tant pis pour les emplois et l’outil de travail ! Dans ces conflits, le « dialogue social » fait la part belle aux primes de départ  : mais c’est le maintien de l’activité qu’il faut défendre à tout prix.

Face aux licenciements, il y a urgence à porter l’exigence de droits nouveaux, comme le droit de véto des salarié-e-s sur les licenciements pour lequel milite Alternative libertaire. Car celles et ceux qui produisent les richesses, ce sont les travailleurs et les travailleuses, pas les patrons. Occuper les entreprises qui ferment, radicaliser l’action et poser la question de la réquisition et de l’autogestion de l’outil de travail  : voilà des perspectives stimulantes pour les salarié-e-s. Pour les révolutionnaires et les syndicalistes de lutte, tout l’enjeu aujourd’hui est d’arriver à porter ces questions parmi les travailleurs et les travailleuses. Ça n’est pas une mince affaire  : mais pouvons-nous nous en dispenser.

Collectif AL Orléans

[1Voir Libération du jeudi 30 janvier 2014.

 
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