Communiqué UCL

Loi Duplomb : l’extrême droite au service de l’agro-industrie




L’Assemblée nationale a définitivement adopté la proposition de loi Duplomb, en dépit d’une mobilisation sans précédent d’une partie du monde agricole et de la société civile. Réintroduction de pesticides, intensification programmée de l’élevage industriel : ce texte écrit sous dictée de la FNSEA est une aberration dans un contexte de crise climatique, sanitaire, et du modèle agricole conventionnel.

Ce texte, censé « lever les contraintes du métier d’agriculteur », acte en réalité des reculs majeurs sur les plans agricole, sanitaire et écologique. Il a été conçu pour servir les intérêts de l’agro-industrie, sous l’impulsion de la FNSEA, dont les cadres dirigeants apparaissent toujours plus déconnectés de la réalité des travailleureuses de la terre. Cette loi prévoit, entre autre, la réintroduction de pesticides interdits par la législation européenne, comme l’acétamipride, pourtant reconnu comme destructeur pour les abeilles à la base de nos écosystèmes. La santé des ouvrières agricoles, des paysannes et des personnes vivant à proximité des cultures intensives sera aussi grandement mise en danger. Alors que notre système de santé est à l’agonie, l’exposition à ces insecticides entraînera une recrudescence de pathologies graves, dont le cancer.

Une main tendue à l’agro-industrie, une gifle aux paysannes

L’installation et l’extension des fermes-usines seront aussi facilitées en relevant les seuils d’élevage au-delà desquels une autorisation environnementale est requise. Concrètement, cela signifie moins de contrôle, plus de concentrations animales, plus de pollution, plus de béton et de lisier. Un modèle industriel qui a déjà démontré son échec écologique et social, et qui se retrouve ici promu comme une solution d’avenir. Mais ces méga-fermes ne nourrissent pas les territoires : elles les dévastent. L’intensification programmée passe aussi par l’accaparement de l’eau, via la facilitation des projets de méga-bassines que la loi prévoit de faire passer en « intérêts généraux majeurs ».

Un feuilleton parlementaire

Mardi 8 juillet, l’Assemblée nationale a définitivement adopté la proposition de loi Duplomb, au terme d’un feuilleton parlementaire aussi interminable qu’antidémocratique. Alors que le texte devait être débattu en séance publique le 27 mai, la FNSEA, main dans la main avec la droite et la ministre de l’Agriculture, orchestre un rassemblement devant le palais Bourbon. Pendant ce temps, une manœuvre politique savamment menée permet à la droite d’imposer un coup de force : le texte est retiré du débat, sans discussion ni amendement, et directement expédié en commission mixte paritaire. Une tentative évidente d’étouffer toute opposition parlementaire. Les conclusions de cette commission tombent le 1er juillet : le texte sera soumis au vote en bloc, dans les deux chambres, sans possibilité de modification. Sans surprise, la droite et l’extrême droite votent massivement en faveur de la loi, s’alignant ainsi sans réserve sur les intérêts du complexe agro-industriel.

Organisons le rapport de force, depuis la base

Faire croire que cette proposition répond aux besoins du « monde agricole » dans son ensemble est un mensonge. Elle ne fait que servir les intérêts d’une minorité de grands exploitants, de groupes industriels et de spéculateurs fonciers. Ce sont eux qui détruisent les revenus des paysannes et ouvrières agricoles, qui poussent à l’endettement et imposent la fuite en avant productiviste. Ce sont eux qui imposent des normes favorables à l’export et aux circuits longs, alors que ce sont les paysannes, qui nourrissent les territoires et soignent l’environnement.

Ceci ne doit pas signer un affaiblissement de notre camp. Si le Parlement a toujours été la chambre d’enregistrement des intérêts capitalistes, c’est dans la rue, dans les champs, sur les routes, sur les marchés que nous devons imposer un rapport de force. Il n’y aura pas de justice sociale sans justice écologique, pas de souveraineté alimentaire sans rupture avec le capitalisme agro-industriel. Ce n’est pas seulement une loi qu’il faut enterrer, c’est un système entier qu’il faut faire tomber.

Union communiste libertaire, le 18 juillet 2025

 
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