écologie

Nouvelle réglementation thermique : Des normes au service du greenwashing




La nouvelle règlementation environnementale, RE2020, s’appliquant depuis le 1er janvier, s’inscrit dans la continuité d’une gestion irresponsable, techniciste et dépolitisante de l’écologie favorisant les grands industriels.

Dans l’usine à gaz que le gouvernement et l’UE ont mis en place pour sembler lutter contre le changement climatique tout en créant de nouveaux marchés de «  croissance verte  » subventionnés par de l’argent public, la dernière loi en date, entrée en application en janvier, s’appelle Réglementation environnementale 2020, ou RE2020.

Depuis l’origine, les réglementations thermiques (RT), présentées comme des mesures écologiques, sont avant tout pensées et appliquées dans une logique économique favorisant les grands secteurs industriels français. En 1974, la crise pétrolière pousse le gouvernement à réglementer l’isolation des bâtiments neufs et réhabilités. Mais concernant la consommation électrique, l’objectif gouvernemental est clair : augmenter la puissance.

En effet, parallèlement est engagé un programme de construction nucléaire à grande échelle. Déjà la naissance du programme nucléaire français s’était faite via le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, privilégiant le technicisme et l’oubli des principes traditionnels de construction.

Pas de transparence pour les habitants

Aujourd’hui, les calculs alambiqués de bilan carbone de la RE2020 continuent l’enfumage. Destinée aux ingénieurs des bureaux d’études, la réglementation assoit encore la dépossession des locataires et habitants de leur maîtrise énergétique. Dans la lignée de la RT 2012 et du rapport de 2009  [1] fustigeant «  l’influence  » de collectifs écologistes au détriment des intérêts du Bâtiment et de «  l’innovation  » technologique, la nouvelle loi prévoit de ne pas donner directement en temps réel aux locataires leur consommation énergétique : l’écologie c’est une affaire de spécialistes.

Alors oui les normes énergétiques des logements se sont grandement améliorées depuis les années 1970 mais la domotique, la clim’ et les systèmes numériques de régulation sont devenus la norme. Tout comme la voiture électrique est présentée comme la solution «  verte  » en occultant complètement la nécessité criante de repenser l’aménagement de nos villes. Ainsi ces experts du bâtiment «  passif  » favorisent le neuf, plus performant mais surtout plus rentable que la réhabilitation du parc immobilier existant.

Pourtant la RE2020 intégrant la prise en compte des Analyses de cycle de vie (ACV) des matériaux devrait en toute logique favoriser le réemploi et pénaliser l’extractivisme des minéraux non renouvelables. C’était sans compter sur ce nouveau business fleurissant d’experts qui, sous la coupe des lobbies rassurent sur l’empreinte carbone «  moyenne  » des produits développés. Or ces ACV, même tronquées, coûtent cher donc avantagent les grandes entreprises comme Bouygues, Vinci, Saint-Gobain... Quant à la favorisation des matériaux biosourcés, c’est bien là qu’on mesure tout le cynisme du capital. Nous vivons actuellement une pénurie de papier, de carton, de bois.

Alors même que la forêt est mise en danger par la surexploitation via la gestion privée de mégascieries et par le changement climatique, c’est ce bois qui doit faire l’objet de la principale exploitation biosourcée. Sous couvert d’augmenter la performance énergétique, cette réglementation réussit le double miracle de ne pas trop faire baisser la consommation électrique et de faire appel à un calcul de bilan carbone déconnecté des émissions réelles des gaz. Un imbroglio capitaliste qui ne se résoudra pas tout seul.

Jo (UCL Vosges)

[1La performance énergétique des bâtiments : comment moduler la règle pour mieux atteindre les objectifs ?  », rapport de l’Assemblée nationale du 3 décembre 2009 .

 
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