Larry Portis est mort




C’est avec stupeur que nous avons appris la mort de Larry Portis survenue samedi 4 juin à son domicile dans les Cévennes. Larry avait prévu ce jour-là d’intervenir à la fête d’Alternative libertaire à Toulouse dans le cadre d’un débat sur la montée de l’extrême droite.

Depuis le début de l’année nombre de militantes et militants d’AL l’avaient côtoyé à l’occasion de débats axés sur le même thème dans lesquels il présentait ses thèses exposées dans son dernier ouvrage Qu’est-ce que le fascisme ?

Larry est né aux Etats-Unis, il a vécu à Seattle, dans le Montana et a fait ses études à l’université de DeKalb dans l’Illinois. Il y a soutenu une thèse sur les débuts de la sociologie en France au XIXe siècle avant de s’installer dans ce même pays où il a mené une carrière universitaire à l’American university of Paris, dans les universités de Paris VII, Paris X, Clermont-Ferrand, Paul Valéry de Montpellier, établissements dans lesquels il enseignait la civilisation américaine.

C’est dans les années 80 qu’il a commencé à publier des ouvrages devenus des références que ce soit sur les Industrial workers of the world (IWW) chez Spartacus ou sur Georges Sorel à La Découverte. D’autres nombreux ont suivi sur la question des classes sociales, la Palestine, l’extrême droite états-unienne, la culture populaire ou encore la politique extérieure de la première puissance mondiale. Certains ont été coécrits avec Christiane Passevant sa compagne à qui vont nos pensées, notre solidarité et notre amitié. Plus largement Christiane a joué un rôle important lisant les ouvrages de Larry et les enrichissant par ses conseils et suggestions.

Même s’il n’était pas aussi connu qu’un Howard Zinn, sa contribution à l’histoire populaire des Etats-Unis est importante et estimable. Ainsi il a fait connaître à toute une génération de militant-e-s et plus largement de passionné-e-s d’une histoire critique des Etats-Unis ce que furent les IWW, ce syndicat révolutionnaire qui avait pour but de rassembler dans les luttes et en une même organisation travailleurs-ses états-unien-ne-s et immigré-e-s.

Son intervention dans le débat intellectuel français embrumé par les thèses fumeuses et droitières des « nouveaux philosophes » a été également appréciable et salutaire. Nous pensons notamment à ses travaux et son apport critique sur la question des classes sociales. C’est aussi dans cet esprit de rigueur intellectuelle qu’il a voulu réhabiliter Georges Sorel, intellectuel marxiste acquis à la cause du syndicalisme révolutionnaire face à un Zeev Sternhell qui s’est employé à le discréditer en le réduisant à un symbole que l’extrême droite du début du XXe siècle cherchait à récupérer pour, déjà,... donner un vernis radical et populaire à sa propagande démagogique et raciste.

Marxiste de formation, Larry a partagé le combat des syndicalistes révolutionnaires (il a adhéré et milité aux IWW et était proche de la CNT) et des communistes libertaires au point de se revendiquer des leurs même s’il n’a pas adhéré à une organisation politique.
Avec lui nous avions en commun des valeurs, des convictions et des combats et nous l’apprécions aussi pour ses qualités humaines, sa gentillesse, sa modestie et surtout sa grande ouverture d’esprit.

C’est tout cela qui va manquer à toutes celles et ceux qui l’ont connu et c’est pour cela que les militantes et militants d’Alternative libertaire tiennent à lui rendre hommage.

Alternative libertaire, le 7 juin 2011

 
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