Le Dico anti-répressif : Qu’est ce que la censure ?




La censure vise à empêcher une expression publique (livres, films, pièce de théâtre, discours, port de symboles…). Elle peut être l’œuvre de tout pouvoir : ainsi, avant l’État, l’Église a longtemps été le premier censeur. Le pouvoir économique, à travers le contrôle de la presse ou de la diffusion, est sans doute le plus efficace aujourd’hui.

Toutefois, dans un régime libéral, la censure n’est pas censée exister : elle est définie comme le contrôle à priori de l’expression publique, ce qui n’existe plus en France depuis 1830 (sauf durant le Second Empire, en temps de guerre et pour le théâtre jusqu’en 1905). À noter que la loi du contrôle de la presse votée en 1955 avec l’état d’urgence, durant la guerre d’Algérie, n’a jamais été abrogée. Une démocratie se contente normalement de contrôler a posteriori les effets de la liberté d’expression. Elle peut donc condamner pour trouble à l’ordre public, mais aussi pour délit « d’outrage aux bonnes mœurs ».

Sans être appelée « censure », ce contrôle a posteriori est tout aussi liberticide, voire plus, la censure a priori s’étant souvent révélée inefficace. Durant la Première Guerre mondiale, le contrôle de la presse a été si stricte que les soldats ne croyaient plus du tout la communication des autorités.
L’outrage aux bonnes mœurs et l’accusation de « pornographie » ont permis de condamner des écrivains (notamment le courant naturaliste), mais aussi les publications expliquant des méthodes contraceptives. L’effet recherché est de provoquer une peur chez les auteurs pour qu’ils s’autocensurent, mais aussi chez les diffuseurs (Radio France décide en 1975 de ne pas diffuser le titre « Hexagone » de Renaud…)

C’est au nom du « trouble à l’ordre public » que les lois « scélérates » de 1893 et 1894 sont votées contre les anarchistes : condamnation des provocations « indirectes » à des actes illégaux, possibilité d’inculper pour « association de malfaiteurs » des personnes qui ont verbalement approuvé des actes illégaux et interdiction de toute expression considérée comme « anarchiste » (cette dernière loi étant la seule à être abrogée… en 1992). Si ces lois ont effectivement permis de fermer les journaux anarchistes alors existants, elle n’a pas réussi à enrayer le développement d’une expression libertaire dans les vingt années qui suivent. Pendant la guerre d’Algérie, les condamnations de la presse, notamment pour « atteinte au moral de l’armée », visaient aussi à mettre en faillite cette presse : le Libertaire, organe de la Fédération communiste libertaire, dut cesser de paraître en 1956.

Renaud (AL Alsace)

 
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