Les classiques de la subversion : Dominic Rousseau « Le curé rouge, vie et mort de Jacques Roux »




Les éditions Spartacus viennent de faire paraitre une biographie de Jacques Roux, écrite par Dominic Rousseau : Le curé rouge, vie et mort de Jacques Roux. Ce prêtre révolutionnaire, relativement peu connu comparé aux grandes figures de la Révolution Française comme Robespierre ou Danton, a pourtant été une des figures de proue des Enragés. Ceux-ci ont été un des courants politiques les plus proches de nos idées lors de la Révolution française (1789-1794). En effet, dans les livres d’histoire, la révolution française est vue comme le triomphe de la bourgeoisie sur la noblesse et la royauté. Ce n’est pas entièrement vrai. Elle a aussi été un moment ou les classes populaires (ouvriers et paysans) se sont exprimées face aux classes dominantes (bourgeoisie et noblesse). Les travailleurs indépendants et les ouvriers des villes se sont heurtés parfois très violemment aux intérêts de la bourgeoisie, surtout à Paris.

Les Enragés, dont Jacques Roux fait partie, est un des courants à pointe de ce combat. Les sans-culottes luttent pour plus de pouvoir politique, pour imposer l’Assemblée nationale leurs revendications qui tournent souvent autour du maximum. Les mots d’ordre sont alors l’égalité des jouissances, c’est-à-dire le droit pour tout le monde de satisfaire ses besoins sans considérations financières, et le gouvernement direct qui est une forme de démocratie directe. L’ouvrage retrace la vie de Roux, et montre comment il a participé à ce combat. Celui-ci enseigne quelque temps, puis devient curé de village. Il passe le début de la révolution en Charente avant de venir à Paris lorsque la Révolution commence à se radicaliser. D’abord proche de Marat, il s’en éloigne et devient en quelque sorte le leader des Enragés.

Le livre ne se contente pas de raconter la vie du prêtre. Il apporte des éléments de contexte sur chaque moment de sa vie, comme par exemple des pages très intéressantes sur le rôle des prêtres au cours de la révolution. Si l’on a l’image du prêtre réactionnaire et royaliste, c’est oublier que beaucoup d’entre eux se rallient à la Révolution et sont de tous les combats.

L’ouvrage se finit par le récit de la répression des Enragés : menaçant d’entrainer les Sans-culotte contre le gouvernement, ils sont les premières victimes de la Terreur, et Jacques Roux est emprisonné dès septembre 1793. Il meurt en prison en février 1794. Ce livre parfois un peu difficile à lire est l’occasion de découvrir un pan occulté de la Révolution Française : celui qui a vu le peuple se soulever contre la bourgeoisie au nom de ses intérêts.

Matthijs (AL Montpellier)

Dominic Rousseau, Le curé rouge : vie et mort de Jacques Roux, Spartacus, 2013, 13 euros.

 
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