Les classiques de la subversion : Israel Finkelstein, Neil Asher Silberman « La Bible dévoilée »




Une fois n’est pas coutume nous n’allons pas parler ici d’anarchisme ou de mouvement ouvrier, mais de la Bible. Le livre La Bible dévoilée est une étude des premiers textes bibliques comparés aux faits historiques mis en lumière par l’archéologie moderne.

En effet, les récentes découvertes archéologiques (sur 100 à 150 ans) dans l’ensemble territorial au Moyen Orient ainsi qu’en Egypte ont été confrontées avec le texte Biblique. Et là, tout fout le camp !

Par exemple, Josué n’a pu être vendu par ses frères à une caravane de marchands bédouins en partance pour l’Egypte, car la domestication du dromadaire n’a été effectuée que mille ans plus tard. Si si  ! Cette hypothèse est sérieuse car les ossements de ces petites bêtes retrouvés dans des caravansérails ont été datés au carbone 14. Moïse n’est pas resté avec ses 500 000 ami-e-s hébreux (population actuelle de Toulouse intra muros), 40 années dans le désert du Sinaï, sans y laisser la moindre trace d’implantation urbaine. Quant aux «  grands rois  » David et Salomon, ils n’étaient que des roitelets exerçant leur pouvoir sur un territoire atrophié composé des quelques montagnes arides qui entouraient la bourgade de Jérusalem.

Alors que s’est-il passé pour qu’à un moment donné ce récit qui pourrait d’ailleurs s’apparenter à une excellente saga familiale produite dans nos sitcom d’aujourd’hui soit devenu la «  référence  » de toute religion monothéiste  ? La Bible dévoilée ne nie pas l’existence des protagonistes de cette saga. L’archéologie les identifie incontestablement. Cependant ce récit est en fait une sorte de copier-coller de légendes et histoires antérieures à environ, 2700 années avant notre génération, qui s’est construit à des fins géopolitiques liées à cette époque.

C’est donc à cette époque qu’émerge en quelques décennies, sur le dos de destructions violentes des autres royautés environnantes, le demi-royaume israélite de Juda dont la capitale est Jérusalem. Cette nouvelle et soudaine puissance émergente a alors besoin de se doter d’une doctrine historique cohérente pour rassembler et unir le peuple. Les élites étatiques et cléricales, sous le règne de Josias, ont érigé à ce moment le récit de la Bible comme un dogme national et religieux fondateur du monothéisme, en lui donnant une chronologie cohérente. Trait de génie (si je puis m’exprimer ainsi) que l’on paie encore aujourd’hui au travers de prétexte de conflits majeurs qui ne sont en rien résolus.

Cependant la réalité historique, que montre La Bible dévoilée nous apporte deux idées d’importance  :
tout d’abord les religions monothéistes ne sont absolument pas fondées sur la parole de Dieu mais sur celle d’une élite dominante cléricalo-étatique qui s’est construite sur un pouvoir aux ambitions géopolitiques dominatrices. D’autre part, le sionisme qui justifie ses ambitions territoriales actuelles sur de fausses allégations historiques, de pouvoirs royaux qui n’ont existé que dans un temps infime et de façon peu étendue. Ni dieu ni maître  !

Jean Marc Izrine (AL Toulouse)

Israel Finkelstein, Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée, Folio Histoire, 560 pages, 9,90 euros

 
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