Licenciements : FagorBrandt, coopérative d’exploitation




La société espagnole Fagor a déposé le bilan en octobre, mettant en chômage technique ses 5 600 employé-e-s, dont 1800 en France . Les offres de reprise actuelle ne concernent que peu de salarié-e-s en France. Retour sur cette lutte et sur le modèle coopératif.

Après avoir trahi les ouvriers de PSA, après être avoir été désavoué par Ayrault devant ceux d’ArcelorMittal Florange, Montebourg espère sauver la face grâce à un des dossiers chauds de la rentrée : SNCM, STX Saint-Nazaire, Goodyear, Mory Ducros ou FagorBrandt. Quinze milliards d’euros du « fonds de résistance économique » accordé par Ayrault après la déculottée à Florange ont ainsi été débloqués pour permettre la reprise partielle du travail à FagorBrandt en décembre, afin de mieux le vendre auprès des repreneurs. Quatre se sont présentés, envisageant respectivement de reprendre 200 et 1200 des 1800 salarié-e-s en France. L’échéance finale sera la décision du tribunal de commerce le 17 février.

Les organisations syndicales de FagorBrandt peinent à mobiliser les salarié-e-s et se sont rabattues sur le dialogue social, notamment en demandant des rencontres tripartites direction-syndicats-pouvoirs publics (Montebourg), espérant augmenter leurs chances de reprise en ne faisant pas de vagues. Pour l’instant, les offres sont restées ridicules.

Lâchage démocratique

La situation est d’autant plus compliquée que les marques (Vedette, Brandt, etc.), qui intéressent bien plus les repreneurs que les savoir-faire des salarié-e-s, n’appartiennent pas au groupe français, issu du rachat en 2005 de Brandt par l’Espagnol Fagor. Ce dernier fait partie de Corporation Mondragon, plus grande coopérative du monde qui compte 80 000 salarié-e-s, souvent citée pour démontrer que le modèle coopératif est réalisable à grande échelle au sein de l’économie capitaliste.

En réalité, cet exemple montre plutôt une vraie hiérarchisation entre les travailleurs associé-e-s, qui ont pu investir 14 000 euros de parts dans Mondragon et les autres, composant près de 50 % du salariat. Ainsi, la décision de « lâcher » Fagor a été prise démocratiquement par les sociétaires, tout comme le fait de donner la priorité des mesures de reclassement interne et de maintenir 80 % du salaire à ces seuls sociétaires. Pour en revenir aux marques, celles-ci sont la propriété d’une filiale irlandaise de Fagor. Une délocalisation fiscale parmi d’autres décidée « démocratiquement » par la coopérative.

Coopérative ou pas, Fagor est soumise à la concurrence internationale. Les salarié-e-s, dos au mur, essaient de sauver les meubles via le dialogue social, aboutissant à des offres de reprise laissant la plupart des gens sur le carreau. C’est en posant politiquement la question des licenciements, donc en mettant en cause le patronat et le gouvernement et en débattant de revendications telles que le droit de veto des travailleurs sur les licenciements et en organisant la convergence des luttes, qu’on pourra bloquer les plans de licenciements et changer la donne.

Grégoire (AL Orléans)

 
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