Lire : BD, « Le Vent des libertaires »




Cette BD scénarisée par Philippe Thirault et mise en images par Roberto Zaghi est l’histoire romancée de Nestor Makhno. Deux tomes sont prévus, le premier vient de paraître.

La première partie nous fait (re)découvrir l’une des figures les plus marquantes de l’anarchisme de son enfance jusqu’au début de son engagement politique. À la mort de son père, sa mère, ne disposant pas de quoi nourrir ses enfants, décide de le faire adopter par une famille bourgeoise, possédant des terres et ayant droit de vie et de mort sur ses employés. Il ne parvient pas à s’habituer à ce nouvel univers qui exacerbe en lui le désir de combat et de révolution. Il devient anarchiste et, suite à une attaque ratée, il est emprisonné.

C’est en prison qu’il fait son éducation politique grâce à la lecture d’ouvrages d’anarchistes et grâce à sa rencontre avec Piotr Archinov. Libéré lors de la révolution de 1917, il reprend les armes et la lutte en Ukraine. C’est sur le mouvement d’expropriation et de collectivisation des terres que les auteurs ont décidé de clore ce premier tome. Non sans avoir déjà évoqué les dissensions avec le parti bolchevick représenté ici par deux émissaires de Lénine, déjà inquiets de « déviances des principes prônés par le gouvernement des soviets ». « Ici, les décisions sont prises par le peuple et lui seul. Les bolchevicks sont-ils contre le peuple ? » leur rétorque Makhno.

Les auteurs évoquent également dès les premières pages et tout au long de l’ouvrage, en alternant les flashbacks, les derniers jours que Makno a passés à Paris en 1934, où il se trouve atteint d’une pneumonie, et où il doit travailler aux usines Renault pour survivre.

Cette BD, sur une base documentaire solide, fait le choix du roman d’aventures historiques pour exalter la vie d’un homme libre en une période et un lieu pleins de promesses. La postface d’Yves Frémion met en perspective l’histoire racontée dans cet ouvrage et rappelle quelques vérités quant à la volonté des léninistes de détruire l’image de l’homme : bandit, voleur de poules, antisémite, tout est bon pour dénigrer celui qui a combattu « les rouges et les blancs » jusqu’à l’été 1921. Le dessin est classique et d’excellente qualité et bénéficie d’une mise en couleurs très sûre.

GR (ami d’AL)


  • Philippe Thirault et Robert Zaghi, Le Vent des libertaires, tome 1, Les Humanoïdes associés, août 2019, 56 pages, 14,50 euros.
 
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