Lire : Cafiero, « Abrégé du Capital »




En 1878 Carlo Cafiero était en prison suite à une tentative d’insurrection anarchiste dans le sud de l’Italie. L’auteur avait été un des animateurs de la section italienne de la Première Internationale, d’abord correspondant de Marx et Engels, puis partisan de Bakounine. Il avait même présidé la séance de l’Internationale entérinant la scission les deux tendances. Malgré ses désaccords avec Marx, Cafiero considérait son travail économique, dont Le Capital, comme incontournable pour analyser le capitalisme. De sa geôle, il s’attaqua donc à un abrégé, en italien, de cette pièce maîtresse de l’œuvre de Marx, pour la populariser dans les classes laborieuses de la péninsule.

De chaque section du premier volume du Capital, il fait un petit chapitre d’une dizaine de pages, facilement compréhensible. Il donne au tout une cohérence chronologique qui en facilite la compréhension. Il explique en détail le procédé de la plus-value : comment l’exploitation du travail aboutit à la création de la valeur, en transformant des matières premières en biens manufacturés. Il enchaîne sur la définition de la valeur : valeur marchande et valeur d’usage. Par quelques formules, il explique ce qui caractérise le capital (argent —> marchandise —> plus d’argent et non marchandise —> argent —> marchandise). De là, il aborde les différents types de plus-value (relatives et absolues) et met en lumière les conditions sociales qui permettent l’émergence du capitalisme en tant que mode de production. Les derniers chapitres sont des descriptions plus concrètes de la façon dont le capitalisme s’installe dans une société qui sort du féodalisme. Il conclut sur les modalités de l’accumulation du capital. La seule partie qui paraît dépassée est celle concernant la journée de travail, le calcul qui la sous-tend étant devenu caduc.

Cet Abrégé du Capital fut ensuite traduit en français en 1910 par l’anarchiste James Guillaume, réédité en 1924, puis en 1974 par l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA, ancêtre d’AL) dans ses « cahiers rouge et noir ». Si leurs buts politiques et leurs méthodes divergent, les théories économiques de Marx n’intéressent pas seulement les marxistes mais aussi les anarchistes. Cela a parfois été occulté au sein du mouvement libertaire.

Matthijs (AL Montpellier)

• Carlo Cafiero, Abrégé du capital, Le Chien rouge, 2008, 158 pages, 10 euros.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut