Lire : Dissidences, l’art comme résistance




Depuis 1998, cette revue constitue un carrefour pour les études sur les mouvements révolutionnaires, les avants-gardes artistiques, les mouvements sociaux, les figures de la contestation et plus largement la pensée critique. Elle rassemble des chercheurs en histoire, en lettres, en sciences politiques ou encore en sociologie et publie des articles rendant compte des recherches en cours ou achevées depuis peu.

Après avoir consacré un numéro spécial, il y a trois ans sur les avant-gardes politiques et artistiques entre 1900 et 1920, Dissidences s’intéresse aux artistes engagé-e-s de l’entre-deux guerres en France, en URSS, en Italie, en Allemagne, en Tchécoslovaquie, en Angleterre et aux États-Unis.

Cette période tourmentée des années 30 commence avec la grande dépression de 1929 pour se terminer dans la barbarie du deuxième conflit mondial qui met aux prises le nazisme, le stalinisme mais aussi des démocraties libérales qui ont su mettre au pas ou domestiquer un peu partout le mouvement ouvrier. C’est pris dans cet étau que nombre d’artistes essayent de conjuguer engagement et subversion.

En Allemagne, les Progressistes de Cologne emboîtent le pas aux expressionnistes et autres peintres de la Nouvelle objectivité et explorent les voies de l’utopie entre marxisme et anarchisme. Le groupe se disloque après l’arrivée des nazis au pouvoir. Mais certains de ses membres, bien que persécutés par le régime hitlérien, poursuivent une résistance.

On lira également avec intérêt l’étude de Jérôme Bazin sur les peintres communistes allemands de l’intérieur dont l’œuvre est confinée dans la clandestinité ou dans les geôles nazies et qui sont traversés par le débat opposant « formalistes » et tenants de l’esthétique réaliste socialiste.

Enfin, ce numéro vient opportunément rappeler que les dictatures fascistes et nazies n’ont pas le monopole de la suspicion et de la censure et que le spectacle vivant, à commencer par le théâtre fait l’objet d’une surveillance rapprochée par les autorités françaises qui craignent la portée subversive de certaines créations. Il est vrai que du monopole imposé par la monarchie absolue à la destruction du « boulevard du crime » menée tambour battant par le baron Haussmann sous le Second Empire, la France a une tradition de coercition qui ne se démentit pas sous la IIIe République.

Laurent Esquerre (AL Paris Nord-Est)

 
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