Lire : Hazan, « À travers les lignes »




Nous avions interwievé Eric Hazan, fondateur des éditions La Fabrique, lors de la publication des Premières mesures révolutionnaires. Il vient de rassembler dans un court volume une compilation de ses articles politiques et autres tribunes libres couvrant la période 2003 – 2017.

Une excellente occasion de se remémorer les luttes et débats de la période mais aussi de trouver quelques souvenirs plus anciens dont un bel hommage à Maspéro. Du coup on referme ce livre en regrettant de n’avoir pas une compilation d’écrits couvrants les décennies précedentes  ! Une brève introduction aux documents concentre ce qui fait divergence avec cet éternel optimiste qui reste persuadé que l’insurrection arrive même s’il reconnait que les «  points positifs portent tous sur l’avenir  ». Notons que nous ne partageons pas l’idée qu’il soit positif que des jeunes choisissent la précarité plutôt qu’un travail régulier. Nous ne pensons pas que c’est en fuyant le monde du travail que nous pourrons le changer mais au contraire en y menant les luttes qui déboucheront sur une alternative autogestionnaire.


Lire aussi Dialogue autour de Premières mesures révolutionnaires dans Alternative libertaire n°213


C’est bien sur l’analyse de la période qu’il se trompe lorsqu’il insiste, à travers deux textes, pour que les cortèges de tête cessent d’agresser la police pour les appeler à rejoindre la révolution. Ses arguments sur le basculement des forces de répression sont théoriquement vrais à la veille d’une révolution car nombreux sont ceux qui savent changer de maîtres à temps. Mais ils sont faux dans une période où la servilité des flics à leurs maitres anciens est leur meilleure garantie. Par ailleurs, ce basculement constaté cent fois dans l’histoire supposerait que notre révolution prochaine aient de nouveaux maîtres, ce qui est loin de nos conceptions et loin de l’esprit des Premières mesures révolutionnaires. La production éditoriale de La Fabrique est extrêmement hétéroclite. Et en interne, nombre d’auteurs maison et amis n’ont pas aimé le dernier livre d’Houria Bouteldja Les Blancs, les juifs et nous. Eric Hazan s’en explique en revendiquant dans sa fonction d’éditeur critique la nécessité que toutes les voix puissent se faire entendre. Si l’explication est ainsi recevable, le lecteur aurait néanmoins été intéressé par son opinion personnelle sur le contenu de l’ouvrage. Mais là nous resterons sur notre faim.

Jean-Yves (AL 93-centre)

  • Éric Hazan, À travers les lignes, La Fabrique 2017, 12 euros.
 
☰ Accès rapide
Retour en haut