Lire : Marco Candore, « Real Star »




Marco Candore signait dans les années 1980 et 1990 – sous le pseudonyme de Marco Sazzetti – des articles pour Lutter  !, le mensuel de l’UTCL, puis pour Alternative libertaire (voir son interview). Depuis plusieurs années, Marco Candore explore les territoires de la création artistique avec une jubilation dont on peut se faire une idée en se rendant sur mécanoscope.com où l’on peut voir son premier court-métrage : Lipodrame.

Mais c’est de son roman dont il va être question dans ces quelques lignes. Il est fraîchement sorti chez Kiss my ass éditions, et s’intitule Real Star, une expérience anarchiste en littérature . Nous sommes en 2072 et l’action commence par l’incendie d’une caserne de pompiers où périssent la totalité des sapeurs. Il n’en faut pas moins pour démarrer, sur les chapeaux de roues, un polar SF déjanté mettant en scène une société futuriste où l’absurde concurrence le grotesque. Preuve en est la course à l’échalote médiatique entre d’une part, le président et son ministre des intérieurs (sic), Brice «  Captain  » Martel, et, d’autre part le Mouvement France Fasciste et Pourtant Cool (re-sic) de Boris Hightek. Entre eux une « gauche » sécuritaire, sans existence ni consistance.

Dans ce paysage politique désolé et désolant, que nous dresse avec force dérision Marco Candore, le détective Dick Pussy mène l’enquête. Son équipier, Eddy Locomotion, s’est fait massacrer – quelques pages après les pompiers – et Pussy l’a mauvaise. Loin d’être un ange, il va jusqu’à fricoter sans vergogne avec le truand Xi-Xao, fournisseur de vices en tout genre pour les puissants. Malgré tout, ce sont les sosies de Lauren Bacall, Eva Bartok, Ingid Bergman… et des vénusiens poulpesques, qui le solliciteront et l’appuieront tour à tour jusqu’à l’amener à choisir son camp. Dans cet univers interlope, Dick Pussy, hammettien à mort, enquête à l’intuition et va suivre la trace d’une drôle de came convoitée par des firmes industrielles puissantes, bien décidées à faire le ménage derrière leurs magouilles. Sur leur passage, se dressent des anarchistes, boulangers de profession (et oui) ! «  Ça ne colle pas  » ne cesse de se répéter Pussy… et il a bien raison, car, évidemment, tout est lié. Les références sont nombreuses, au cinéma, à la littérature, mais aussi à la culture d’extrême gauche : multipliant les rebondissements, le romancier s’amuse, et les codes du polar, comme bien d’autres choses d’ailleurs, y sont allègrement secoués.

Théo Rival (AL Orléans)

Marco Candore, Real Star, KMA éditions, 2014, 128 pages, 4,12 euros
(en vente sur le site de l’éditeur)

 
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