Lire : Sarah Lichtsztejn-Montard, « Chassez les papillons noirs »




« Elle s’appelait Sarah elle n’avait pas 8 ans
Sa vie, c’était douceur, rêves et nuages blancs
Mais d’autres en ont décidé autrement »
 [1]

La Sarah dont je vais parler était à peine plus vieille lorsque les nazis l’ont déportée à Auschwitz/Birkenau. Elle aurait pu tout aussi bien être la Sarah que chante Jean-Jacques Goldman. Aujourd’hui, rescapée des camps de la mort, elle témoigne encore dans les lycées de la région parisienne. Mais son témoignage ne s’arrête pas là car elle a posé par écrit toutes les souffrances, les humiliations, les coups, la faim, la maladie, le travail forcé, l’arbitraire des exécutions selon l’humeur des SS, l’odeur exécrable des crématoires qui envahissait tout le camp : toute l’horreur de l’enfer concentrationnaire, qu’elle a subit avec sa mère à ses côtés. Mais pas seulement, car Sarah Lichtsztejn-Montard, fille de militant-e anarchiste juif parle d’avant et après l’enfer concentrationnaire. Son enfance heureuse, l’engagement militant de ses parents avec Nestor Makhno qui s’invite au domicile familial, lors de son exil parisien. Puis, les années d’occupation, la clandestinité, son évasion du Vel d’hiv’, la planque chez des amis anarchistes, la dénonciation, le transit à Drancy et le voyage pour Pichkepoï [2].

Mais pour Sarah, il y aura un après. D’abord, elle participe à la longue marche épuisante des déporté-e-s emmené-e-s d’Est en Ouest par les nazis au fur et à mesure de l’avancée de l’armée rouge. Puis la délivrance, et le retour en France. Sa réinsertion, dans le quotidien de la France d’après guerre, sera pleine de vicissitudes. Puis l’amour avec Phillipe son mari qui sonne l’heure de la rédemption. L’originalité de ce récit réside dans le fait que la période maudite concentrationnaire s’inscrit dans son parcours en tant que femme et juive avec tous les sentiments et émotions qui la submergent. Son principal combat est une ode à la vie, celui d’avoir eu deux enfants, des petits enfants et depuis peu de temps d’être arrière grand-mère, magnifique pied de nez aux exterminateurs nazis !

Jean-Marc (AL Toulouse)

 Sarah Lichtsztejn-Montard, Chassez les papillons noirs, collection Témoignages de la Shoah, édition Fondation pour la Mémoire juive de la Shoah, 2011, 356 pages, 25,90 euros.

[1Parole de la chanson de Jean-jacques Goldman, « comme toi »

[2Terme employé par les adultes juifs qui partaient en déportation, qui signifie « le village de nulle part ».

 
☰ Accès rapide
Retour en haut