Résistance

Lire : Solà, « Le réseau d’évasion du groupe Ponzan »




Ce livre est un hommage à Ponzan Vidal,
militant anarcho-syndicaliste espagnol actif
dans la révolution de 1936 puis dans la
résistance en France pendant la Seconde
Guerre mondiale.

L’auteur retrace, tout d’abord, la vie de
Ponzan en Espagne, depuis son enfance jusqu’à son passage rocambolesque à travers
les Pyrénées, parmi les derniers combattants antifascistes.

Après le coup d’Etat de Franco, il vit de
nombreuses péripéties dans l’Aragon libertaire et sur les barricades de Barcelone, puis
intègre un service de renseignement, le
SIEP, qui passe les lignes ennemies pour
organiser des sabotages, exfiltrer les militants piégés en territoire ennemi et renseigner sur les mouvements de troupe. Ce passage peut paraître facétieux pour un lecteur peu habitué au
langage militaire (évolution des lignes de front, mouvement de
troupe etc.). Cependant, Téllez Sola développe admirablement
l’univers dans lequel les militants anarcho-syndicalistes étaient
confrontés en état de guerre totale jusqu’à la Retirada, avec toutes ses renonciations.

Une fois en France, une nouvelle résistance commence à se
structurer en réseaux affinitaires et politiques dans les camps de
réfugié-e-s. Face aux nazis et à Vichy, Ponzan et ses ami-e-s privilégient l’alliance politique avec certains réseaux liés aux services secrets français qui n’acceptent pas la défaite et surtout les
militaires anglais, notamment des aviateurs, qui vont financer le
groupe pour le faire sortir, de France. Cette attitude ne sera pas
du goût du comité CNTen exil. Pourtant ce réseau d’évasion
sera l’un des plus important de l’Hexagone. Le groupe développe, en parallèle des opérations de résistance dans l’Espagne
franquiste. La fin est tragique. Ponzan est arrêté et enfermé à la
prison Saint-Michel de Toulouse. Le 17 août 1944, il est emmené et fusillé, en catimini, avec 53 autres prisonniers, dans la forêt
de Buzet-sur-Tarn. Leurs corps seront livrés aux flammes de la
vengeance par la soldatesque nazie, battant en retraite.

L’auteur retrace là l’épopée d’activistes anarchistes qui face à
l’adversité sont partagés entre le front social et le front républicain. Téllez Sola, cite à foison des militantes et des militants,
compagnons d’infortune de Ponzan, qui sans cet ouvrage
seraient restés dans l’oubli de l’histoire officielle. Mais la force
de ce livre réside dans cette peinture pleine d’humanité du parcours personnel de Ponzan, rempli d’énergie, de solitude, de
renoncements, d’espoir dans le retour anarchiste en Espagne, de
haine envers les fascistes comme les staliniens, d’angoisse et
d’inquiétude pour les proches, notamment sa soeur.


Jean-Marc Izrine (AL Toulouse)

  • Antonio Téllez
    Solà, Le réseau
    d’évasion du groupe
    Ponzan. Anarchistes
    dans la guerre
    secrète contre
    le franquisme et
    le nazisme (1936-
    1944)
    , Edition du
    Coquelicot,
    Toulouse, 22 euros.
 
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