Antipatriarcat, Culture

Lire : Xavier, Dugrin, Ralenti « Jujitsufragettes- Les amazones de Londres »




Au début des années 1910, Edith Garrud, une des rares femmes professeure d’arts martiaux en Europe, forme au jujitsu les Amazones, les gardes du corps d’Emmeline Pankhurst, chef de file des suffragettes, confrontées à une brutale répression policière.

Souvent décrit selon un récit pacifié, comme composé d’élégantes corsetées réclamant le droit de vote, ce mouvement féministe anglais est ici raconté sans fard, déterminé à se défendre et à arracher des droits à ceux qui les lui refusent, y compris en brisant des vitrines et en répliquant aux coups. « Le jujitsu consiste à retourner la supériorité physique d’un adversaire contre lui-même  ».

Edith Garrud enseigne, entre autres, aux femmes victimes de violences conjugales à contre-attaquer, lorsqu’elle est approchée par le Women’s Social and Political Union (WSPU), dont le slogan «  Des actes pas des mots  » est aussi le programme. Si ses militantes ont longtemps cru qu’à force de pédagogie, les élus en viendraient à les considérer comme des citoyennes à part entière, la récente trahison du Premier ministre Asquith les convainc de passer à l’offensive. « Prenez deux bébés. Le premier est patient, il attend que sa mère le nourrisse. Le second pleure et crie, jusqu’à ce qu’on lui donne à manger. Nous savons tous parfaitement duquel on s’occupera en priorité. C’est toute l’histoire de la politique.  »

Elsa Dorlin, (autrice de Se défendre), préface cette bande dessinée en rappelant « comment l’image caricaturale des suffragettes, de ces militantes ridiculisées, qui nous était transmise jusqu’ici, a eu pour fonction désastreuse de dépolitiser notre histoire ; de discipliner nos corps, nos imaginaires et notre rage  ».

Ernest London (UCL Le Puy-en-Velay)

  • Clément Xavier, Lisa Dugrin et Albertine Ralenti, Jujitsufragettes - Les amazones de Londres, Éditions Delcourt, 2020. 136 pages, 21,90 euros.
 
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