Littérature : Un anarchiste à la Belle Époque




Ce livre qui vient de paraître aux éditions Riveneuve, retrace la vie mouvementée d’Alexandre Marius Jacob, personnage à la vie atypique de la première moitié du XXe siècle : anarchiste illégaliste auto-revendiqué, cambrioleur de haut vol, typographe, mousse dans la marine marchande, bagnard à Cayenne, puis conférencier du droit des prisonniers.

Né dans une famille pauvre de Lorraine, Marius Jacob débute dès la fin des années 1890 sa carrière de cambrioleur, en s’en prenant aux biens des classes privilégiées, à la fois dans des bijouteries et dans des demeures particulières bourgeoises. Il connaît ses premiers ennuis judiciaires en 1901 mais échappe une première fois à cinq années de réclusion en se faisant passer pour fou (il simule des hallucinations où des jésuites le persécutent). Marius revendique ses vols, par l’idée de réappropriation des richesses accaparées par les bourgeois en exploitant le prolétariat. Il se définit comme anarchiste illégaliste pacifiste. Il revendique la conscience sociale de ses actes : « Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend ».

En 1903, il est une nouvelle fois arrêté et sera cette fois condamné à la réclusion au bagne de Cayenne en Guyane. Il fera dix-sept tentatives pour s’en échappe et sera rejugé de nombreuses fois. Il commencera à y étudier les droits de détention des condamnés pour pouvoir se défendre et aider ses compagnons de cellule à mieux résister à l’administration carcérale.

A sa sortie de prison en 1927, il entamera une série de conférences sur la situation des bagnards et une réflexion sur le milieu carcéral. Il renouera alors à cette époque avec le milieu anarchiste français, notamment via le journal Le Libertaire, et participera entre autres au soutien des militant-e-s antifascistes, en Italie puis pendant la guerre civile espagnole. Marius Jacob finira paisiblement sa vie en tant que vendeur ambulant sur les marchés et les foires (où l’on trouve de nombreux et nombreuses anarchistes à l’époque) dans le centre de la France.

Romancé mais utilisant d’authentiques citations, via des correspondances ou par des extraits de plaidoiries, ce livre plein d’humour, nous amène à suivre la vie d’un anarchiste atypique du siècle dernier, mais aussi à nous rappeler que la question de la redistribution des richesses pour toutes et tous, quels qu’en soient les moyens, est une question qui traverse les âges et qui est primordiale, hier comme aujourd’hui.

Vince (AL Paris Nord-Est)

Jacques Colombat, Alexandre Marius Jacob, le forçat intraitable, Riveneuve, 2012, 151 pages, 15 euros.

 
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