Loi Sarkozy sur le Ceseda : La pression monte




Dans les premiers jours de mai, le projet de loi Sarkozy sur l’immigration, véritable revanche de la droite après la défaite du CPE, va entrer en discussion à l’Assemblée nationale. La lutte contre ce projet de loi doit marquer la poursuite et le développement des actions de solidarité et de résistance.

Les éléments du nouveau projet de Sarkozy sur l’immigration sont déjà largement connus. Ils se résument à un principe général : précariser et réprimer les étranger(e)s pour mieux les exploiter.

D’un côté la précarisation et les contrôles renforcés pour les jeunes, les familles, les conjoints, l’irrégularité perpétuelle pour des dizaines de milliers de migrant(e)s, de l’autre une main d’œuvre choisie par le patronat, ayant pour seul droit celui de se taire.

Face à cette nouvelle régression annoncée, le collectif Uni(e)s contre une immigration jetable, qui regroupe maintenant plus de 460 organisations, associations et syndicats développe une large mobilisation depuis plusieurs mois. Plusieurs dizaines de collectifs locaux se sont développés, multipliant les réunions publiques et les interventions pour informer sur ce projet. Dans de nombreuses facs et lycées en grève, des débats ont permis de démontrer le lien étroit entre la précarisation des immigré(e)s et celle de l’ensemble de la jeunesse et des travailleur(se)s. Au retrait de la loi sur l’égalité des chances, est venu ainsi s’ajouter l’opposition au projet de loi de Sarkozy parmi les revendications de la jeunesse en lutte.
Premier point d’orgue de ce travail de mobilisation, le concert revendicatif du 2 avril dernier, place de la République à Paris, a rassemblé près de 50 000 personnes autour des interventions d’une vingtaine d’artistes (Têtes Raides, Mano Solo, la Brigade, Lavilliers, Cali...) et de nombreux(ses) militant(e)s du collectif.

Mais la mobilisation doit aujourd’hui passer la vitesse supérieure. Alors que la défaite en rase campagne du gouvernement sur le CPE met la droite en péril à un an des élections, il est sûr que Sarkozy va tenter de redorer sa stature « d’homme de l’ordre », à l’occasion de cette loi.

Répression en prévision

Face à la frange la plus conservatrice de la population, à ceux tentés par le vote d’extrême droite en réaction à l’amalgame banlieue = casseurs = immigration = chômage, le thème de l’invasion va revenir comme un leitmotiv. Quoi de plus efficace que le sujet de l’immigration pour masquer les conflits sociaux ?

Pour autant, ce discours habituel à droite va s’accommoder des théorèmes néolibéraux en vogue du côté de l’UMP. En faisant mine de rouvrir les voies de l’immigration de travail, Sarkozy va tenter de se mettre dans la poche les courants socio-libéraux de l’UDF et du Parti socialiste. Car du côté socialiste, le grand écart reste un exercice de vigueur. Entre la politique sécuritaire et utilitariste prônée ouvertement par Boutih (chantre lui aussi de l’immigration « choisie » par la voie des quotas) et « l’appel de la rue », ça tergiverse rue de Solférino. Se rappelant l’impact électoral du mouvement des sans-papiers de 1996 et l’appel de cinéastes de 1997 contre les lois Debré, la tentation existe de mimer la gauche pour se refaire une image présentable en vue de 2007.

Aux jeux de positionnement politique, il est nécessaire de répondre par une mobilisation massive. Le 29 avril, le collectif a organisé dans toute la France des manifestations. 2 jours après, le 1er Mai, des banderoles contre « l’immigration jetable » essaiment dans les cortèges des manifestations syndicales. Le 13 mai enfin, une manifestation nationale à Paris marquera un nouveau temps fort de la mobilisation. Toutes les informations sur ces initiatives sont en ligne sur le site du Collectif. C’est aussi la dernière ligne droite pour signer en ligne la pétition, qui sera déposée à qui de droit le 13 mai.

Les échéances de la résistance

Pendant ce temps, la résistance s’organise également chez les travailleur(se)s sociaux(ales), le personnel de santé ou éducatif contre l’appel à la délation de la circulaire du 21 février dernier prônant les arrestations massives de sans-papiers jusque « dans les blocs opératoires ». Si le ministère de l’Intérieur est revenu sur ce dernier point, l’esprit de cette circulaire, et les pratiques scandaleuses qu’elle autorise et promeut, demeurent. Plusieurs organisations d’Uni(e)s contre une immigration jetable, dont le Syndicat de la Magistrature, le Gisti, la LDH... l’ont attaquée devant le Conseil d’Etat, dénonçant « un véritable manuel pour mener une traque des sans-papiers ».

D’ailleurs, les rafles se portent bien, merci pour elles. A Paris par exemple, elle reprennent de plus belle, dans la rue et à la sortie des métros. Il est urgent de créer ou de revivifier les réseaux de vigilance et de résistance à cet égard.

Dans les multiples relais locaux du Réseau éducation sans frontières (RESF), l’échéance de la fin d’année scolaire, et la prévision de milliers d’arrestations de jeunes sans papiers et de leurs familles, amène la mise en place progressive d’un réseau de veille et de protection. D’ores et déjà, RESF lance une large pétition intitulée « Nous les prenons sous notre protection » et appelle d’ici juin à des actions de solidarité et de résistance face à la politique des rafles des jeunes scolarisé(e)s et de leurs parents. Ces dernières pourraient débuter dès le milieu du mois de juin.

Enfin, une répression d’une rare ampleur s’est abattue sur les sans papiers occupants de l’ex-Service social d’aide aux étrangers (SSAE) à Paris XIIIe, rebaptisé depuis son occupation le 18 mars « Maison des collectifs de sans-papiers ». Certains des sans-papiers arrêtés sont en cours de procédure d’expulsion. Cet épisode laisse augurer des moments difficiles pour les actions militantes d’action directe, dans un contexte de plus en plus liberticide.

C’est dans la rue, mais aussi dans les écoles, les collèges, les lycées, les services sociaux, les hôpitaux ou les foyers que doivent aujourd’hui se créer des espaces de résistance et de désobéissance. Ne laissons pas faire !

Corinne et Jérome (AL Paris Nord-Est)

 
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