Lutte contre l’austérité : Une mobilisation française balbutiante




La journée d’action européenne du 14 novembre a donné lieu en France à une mobilisation en demi-teinte. Il faut s’interroger sur les moyens de construire à l’échelle de l’Europe une riposte à l’austérité.

Le 14 novembre dernier, plusieurs millions de manifestantes et de manifestants ont défilé dans toute l’Europe contre l’austérité, mais seulement cent mille en France. Cherchons l’erreur. L’initiative de cette première journée d’action européenne revient aux syndicats des pays les plus exposés aux plans d’austérité : Grèce, Espagne et Italie. La date a été reprise par la Confédération européenne des syndicats (CES), centrale hégémonique, d’orientation clairement réformiste. La majorité des organisations syndicales françaises y est affiliée, même si ce n’est pas le cas de Solidaires. Pourtant, l’intersyndicale nationale a tardé à appeler à cette journée. Annoncée à moins de trois semaines de l’échéance, elle a été préparée en vitesse, voire bâclée.

Mobilisation en demi-teinte

La manifestation du 14 novembre à Lisbonne (crédit : MP)
Le 14 novembre dernier, plusieurs millions de manifestants et manifestantes ont défilé dans toute l’Europe contre l’austérité à l’initiative de la Confédération européenne des syndicats. En France, annoncée à moins de trois semaines de l’échéance, la mobilisation fut bâclée.

Certains syndicats souhaitaient se contenter d’appeler à manifester en soutien aux travailleurs et travailleuses du Portugal, de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne. L’enjeu était pourtant tout autre. Les salarié-e-s de ces pays se sont mobilisés en masse, dans le cadre de grèves générales d’une journée. Le meilleur soutien qu’on pouvait leur apporter était l’extension de la mobilisation à la France. D’ailleurs l’occasion s’y prêtait puisqu’il s’agissait de la première manifestation intersyndicale depuis l’élection de François Hollande. Celui-ci venait d’annoncer les grandes lignes d’un premier plan d’austérité, suite au rapport Gallois sur la compétitivité. Il y aurait donc eu matière à appeler clairement à la grève, en adossant le rejet de ces mesures à des revendications professionnelles.

Évidemment, tout n’est pas si simple. Bien des équipes syndicales combatives peinent à convaincre leurs collègues de sortir de l’attentisme. Lorsque des luttes démarrent, elles sont isolées, et les travailleurs se résignent trop souvent à rechercher des aménagements face aux attaques. C’est le cas à PSA Aulnay actuellement, où la majorité des salarié-e-s s’est prononcée pour lutter sur les plans de reclassement plutôt que contre la fermeture du site.

Pour autant le rôle d’une organisation syndicale offensive devrait être de pousser à la lutte. Cela implique de sortir du dialogue social, quitte à ne s’appuyer dans un premier temps que sur les équipes syndicales et les secteurs les plus combatifs. La Confédération générale du travail (CGT) avait fait un pas en ce sens lors de la journée de défense de l’industrie du 9 octobre, à ceci près que cette mobilisation aurait gagné à se faire en intersyndicale, même réduite aux organisations de lutte.

sortir de la cohésion sociale

Enfin, ce type de mobilisation européenne doit nous amener à nous interroger sur la nature de la CES. Dans son texte d’appel au 14 novembre, celle-ci demandait par exemple la « réduction des déséquilibres [budgétaires] » afin « d’aboutir […] à la cohésion sociale ». L’intersyndicale française, sans reprendre ces mots d’ordre, répétait l’exigence de « négociation d’un Contrat social européen ». On ne construit pas grand chose avec de telles revendications. Cette journée doit en appeler d’autres, avec pour objectif une grève générale européenne. Mais il faudra pour cela reconsidérer l’affiliation de nos organisations syndicales à cette centrale réformiste.

Grégoire (AL Orléans)

 
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