Lutte des précaires : ils se gavent, nous on déguste




À Montpellier, un collectif contre la précarité, initié par Alternative Libertaire regroupe des précaires de divers horizons depuis plus d’un an. Une action de grande envergure était organisée début décembre.

La période des fêtes vient de s’achever. Alors que certains en ont profité pour se goinfrer une énième fois de produits de luxe, pour d’autres ce fut une occasion de plus de voir leur frustration grandir face à la frénésie de consommation généralisée. En France, 8,2 millions de personnes se situent sous le seuil de pauvreté (954 euros par mois) et 2,6 millions sont (selon les chiffres officiels sous-estimés) chômeuses.

Pour répondre à ce terrible mais logique constat dans notre société capitaliste, il y a un peu plus d’un an s’est créé à Montpellier, sous l’impulsion d’AL, le collectif Luttons Contre la Précarité regroupant chômeurs et chômeuses, étudiantes et étudiants, salarié-e-s intérimaires ou en CDD, organisés politiquement ou non. Et quoi de mieux pour fêter ce premier anniversaire que de récupérer ce qui nous appartient à ceux qui nous volent afin d’organiser un repas gratuit ?

[*Bloquer les caisses*]

C’est ainsi qu’a eu lieu le 10 décembre au Nord de Montpellier une action d’auto-réquisition alimentaire dans un Carrefour Market. Carrefour qui soit dit en passant est la première enseigne française de grande distribution avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 80 milliards d’euros obtenus en pressurisant à la fois les consommateurs, les producteurs et ses employé-e-s, à l’aide de ses fidèles alliés de l’industrie agro-alimentaire (Nestlé, Danone, Unilever, etc.). Précisons toutefois que les autres grandes enseignes ne sont pas en reste.

Une quarantaine de personnes s’est donc introduite le samedi après-midi dans le supermarché avec un objectif simple : bloquer toutes les caisses du magasin jusqu’à ce que le patron, effrayé pour son chiffre d’affaires, nous laisse partir avec quelques chariots remplis. Grâce à la très bonne organisation restée secrète jusqu’au dernier moment, le blocage s’est passé sans problème, au son d’un message scandé au mégaphone et devant une banderole indiquant fièrement « ils se gavent, nous on déguste ». Toutefois, le gérant qui a dû faire face à une grève de son personnel quelques semaines avant est resté inflexible et sourd à toute négociation. Au contraire même, il a rapidement appelé les forces de l’ordre, au risque de provoquer un matraquage et gazage en règle devant les clients. Au bout d’une heure de blocage, le collectif a alors décidé de quitter les lieux malgré le soutien de la quasi-totalité du personnel et sous les applaudissements d’une dizaine de clients.

Malgré tout, le repas gratuit prévu lundi devant le CCAS de Montpellier a tout de même été maintenu grâce à de la récupération des produits jetés par les supermarchés (autre scandale de la grande distribution) et a permis d’engranger de nouveaux contacts et de fédérer plusieurs dizaines de précaires. Ce semi-échec (ou plutôt cette semi-réussite) reste cependant positif car cette action d’auto-réquisition, hautement symbolique, a permis de lancer une réelle dynamique sur la ville autour de la question de la précarité et laisse entrevoir de nouvelles actions en perspective. Les précaires doivent se serrer les coudes, pas la ceinture : face à la cupidité des riches, nous devons opposer notre solidarité !

Collectif AL Montpellier

 
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