Maisons de retraite : Or gris et loi du silence




Maltraitance, manque de soins, personnes de plus de 90 ans «  déposées aux urgences  » pour défaut de paiement par la famille. Voilà le quotidien dans les Établissements pour l’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD), nom moderne des maisons de retraites ou hospices de vieillards.

Les EHPAD sont largement propriétés du secteur privé, lui-même aux mains de groupes souvent très importants (DomusVi, Dolca/Vendôme, Orpea, Korian, Emera…) et de PDG parfois très fortunés. C’est que les vieux, ça peut rapporter gros  : de «  l’or gris  ».

Quand on se renseigne pour un accueil il ne manque pas de dépliants luxueux vantant la qualité de l’accueil. Mais la qualité a un prix  : en moyenne à partir de 2 500 à 3 000 euros par mois. Certains établissements peuvent atteindre 5 000 euros, voire plus. Évidemment ce ne sont pas tous les retraités-e-s qui peuvent se l’offrir ! Et les conditions de prise en charge (de personnes souvent très dépendantes) ne sont pas toujours à la hauteur….

De plus en plus, le personnel est en nombre insuffisant pour permettre une prise en charge à la hauteur des tarifs pratiqués et la qualité se dégrade : temps d’attente aux sonneries qui se prolonge, ou absence de réponse, entretien des locaux douteux, manque de personnel pour faire manger les personnes incapables de le faire seules, résidentes et résidents isolés «  oublié-e-s  », déficit d’animation et de présence particulièrement pour les vieillards déficients, sans oublier les décisions prises parfois par les cadres médicaux sans même informer les familles…

« Usagers-clients »

Bien sûr il existe des «  instances  » où les résidents et les résidentes et leurs familles peuvent s’exprimer. Le Conseil de vie sociale (CVS) qui doit se réunir obligatoirement chaque trimestre. Mais cette instance est uniquement «  consultative  » donc les «  usagers-clients  » n’y ont aucun pouvoir sauf d’y présenter leurs doléances éventuelles sans obligation pour les directions de donner suite.

Concernant les «  instances  » de contrôle (comme l’Agence régionale de la santé) il ne faut pas compter sur elles pour déranger un mécanisme bien huilé où le secteur privé s’engraisse et pallie l’abandon des services publics. Quand parfois les visites de l’ARS ne sont pas annoncées, l’avis des résidents est sollicité (sachant que nombre d’entre eux ont des capacités déclinantes) mais pas celui de leur famille ni d’ailleurs des «  représentants des familles  » au CVS. Curieux non  ?

Quant aux «  services qualité  », «  enquêtes de satisfaction  » et voire même «  fiches de signalement  », tout cela est traité en interne et il n’y a guère de conséquences en cas de plainte…

Pour parfaire le tout, le personnel est invité à ne pas trop signaler les dysfonctionnements et quand il le fait la direction étouffe ou minimise. Si, par malheur, un salarié révolté de cet état de fait tente d’informer les familles, il risque des sanctions pour faute professionnelle.

Concluons en affirmant notre solidarité avec les salarié-e-s de ce secteur qui sont confrontés à des conditions de travail éprouvantes pour des tâches souvent ingrates et des rémunérations peu gratifiantes.

Henri (ami d’AL)

 
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