Mayant Fathi (SUD-Nettoyage) : « Même peu nombreuses, nous pouvions nous battre et gagner face à un géant comme Accor »




Après un an de lutte, les femmes de ménage d’Arcade, sous-traitant du groupe Accor ont repris le travail. Alternative libertaire a rencontré Mayant Fathi, une des animatrice du mouvement.

Alternative libertaire : Débuté le 7 mars 2002, ce conflit aura duré près d’un an, comment a-t-il fini ?

Mayant Fathi : Nous avons obtenu un accord transactionnel pour chacune d’entre nous. Ceux-ci prévoient la reprise des sept copines licenciées et une somme équivalente à cinq mois de salaire. La baisse des cadences est aussi actée, c’est un acquis de notre lutte que le groupe Accor avait déjà dû intégrer dès juin 2002, en présentant au comité d’entreprise une charte de « bonne conduite » qu’elle prétend imposer à ses sous-traitants.

Alors, pourquoi le conflit ne s’est-il pas fini en juin ?

Mayant Fathi : Premièrement parce que les négociations avec notre entreprise, Arcade, étaient bloquées. La direction répondait à nos revendications, notamment sur la réintégration des personnes licenciées, mais refusait d’inscrire sur le protocole de fin de grève qu’elle appliquerait la charte Accor. Dans ces conditions, nous ne pouvions pas reprendre le travail.

Deuxièmement, la charte d’Accor n’entrait en application qu’à la fin de l’année. Habituées aux mensonges des patrons du nettoyage, nous n’avons pas voulu reprendre le travail sur un « oui mais plus tard ».

Pour toi Mayant, quels sont les points bénéfiques de cette grève ?

Mayant Fathi : Nous avons pu démontrer que, même peu nombreuses, nous pouvions nous battre et gagner face à un géant comme Accor. Là où nous étions traitées comme des esclaves, humiliées, volées par des patrons « scélérats », nous nous sommes rebellées et nous avons gagné des droits pour l’ensemble de la profession. L’aide financière des syndicats SUD et Solidaires mais aussi de nombreux particuliers et l’appui du comité de soutien par toutes les actions qu’il a menées sont des éléments qui ont permis cette victoire.

Des points négatifs ?

Mayant Fathi : Bien sûr, tout n’est jamais tout rose ! Le point négatif majeur est que nous ne sommes pas parvenues à étendre le mouvement. Personne dans l’entreprise ne s’est rallié au conflit malgré une forte médiatisation. La profession reste très dure à faire bouger et les syndicats du secteur ne brillent pas par leur activité, voire collaborent étroitement avec le patronat.

Et maintenant, comment vois-tu l’avenir ?

Mayant Fathi : Meilleur ! L’impression d’être aujourd’hui plus respectées est bonne pour le moral. Il nous faut maintenant, à travers notre combat syndical quotidien, faire appliquer la charte Accor et l’étendre aux autres groupes. Il nous faudra être très vigilants. C’est aussi la construction d’une force syndicale capable de contrer les patrons moyenâgeux du nettoyage qu’il nous faut mettre en œuvre. En cela, j’espère que le conflit Arcade aura ouvert les yeux à nos collègues de travail pour qu’elles s’y associent.

Propos recueillis par Sébastien (AL Paris Nord-Est)

 
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