Ni dieu, ni maître... d’école no1 : L’École moderne d’Amazonie




Y a-t-il eu une école anarchiste en Amazonie  ? Cette question va nous amener dans cet article à (re)découvrir les pédagogies libertaires passées et actuelles, lointaines ou proches. Prenez votre billet et embarquez pour un voyage passionnant  !

Il était une fois, Belém do Pará en 1919. En pleine Amazonie brésilienne, entre fleuves et forêts, mais dans une métropole en plein essor, dont l’économie est alors dopée au caoutchouc, des émules du pédagogue anarchiste catalan Francisco Ferrer y Guardia vont, dix ans après sa mort et d’après la légende, défier la bonne société européanisée du Pará, plus encline à scolariser ses enfants dans les écoles confessionnelles de la cité fluviale que dans celle d’un anarchiste.

Cette année-là, la capitale amazonienne, encore effervescente et pleine d’Européens venus là en raison des richesses extraites par les malheureux seringueiros du cœur de la jungle, aurait vu débarquer parmi les écoles mises à disposition de sa jeunesse, une école à principes et enseignement anarchistes. Une nouveauté dans le paysage éducatif dont les éléments constitutifs, la portée, les difficultés et les réussites restent, pour l’heure, obscurs.

A la découverte des pédagogies libertaires

C’est l’aventure de l’exhumation de la mémoire de cette école qui nous servira de fil conducteur dans cette série d’articles dédiée aux pédagogies libertaires.

Les recherches sur la création de cette école libertaire équatoriale ne font que débuter. Moment idéal pour lancer, dans notre mensuel, une série d’articles consacrés aux réalisations de notre courant de pensée en termes éducatifs  : et ce, dans toutes les variantes possibles, car la diversité est une marque distinctive importante de notre mouvement qui est tout sauf uniforme.

C’est donc à une recherche en temps réel, au fil des mois, à des découvertes de réalisations pratiques des pédagogies issues du mouvement anarchiste ou inspirées de principes compatibles avec ses valeurs, et dont le point d’articulation sera cette enquête autour de l’école rationnelle Francisco Ferrer de Belém, bien loin de Barcelone, que cette série d’articles vous convie.

Elle présentera les avancées successives de la recherche d’archives et les mettra en lien avec les autres grandes (et moins connues) réalisations de l’éducation libertaire.

Un anarchiste de France exilé au Brésil

Mais pour conter un peu comment est venue l’idée de cette recherche, il se fait nécessaire de parler de son auteur, un étudiant en pédagogie français au Brésil. Arrivé depuis deux ans sur ces terres en passant par la Guyane, militant au sein de la Fédération anarchiste cabana (FACA), du nom de la révolution du nord du Brésil au cours du XIXe siècle, c’est en entendant parler les camarades de l’organisation politique de cette école aussi oubliée en-dehors du cercle militant que présente dans sa mémoire que l’envie est née d’en savoir plus.

Car, il faut bien le dire, au début, il n’y avait rien de concret, juste la mention, évasive de « l’Ecole Moderne de Belém »… rien de plus, puisqu’en questionnant ces premières personnes référentes, elles ne savaient pas dire exactement où elles avaient entendu parler de ce qui relevait plus de la mythologie que de la science historique.

Lors d’une première visite au centre culturel de la ville de Belém, il fut possible d’écarter des pistes non concluantes comme la possible présence de l’école en 1905 sous le nom d’Athénée du Pará, ce qui aurait pu être un nom relativement logique à cette époque-là pour une école libertaire.

Mais ce fut l’occasion aussi de trouver une trace concrète d’une connaissance au début du XXe siècle de l’œuvre de l’éducateur catalan. Un poème de 1919, signé Basilio de Carvalho, reproduit ici et intitulé l’Ecole moderne.

Première piste concrète

Une preuve que le monde intellectuel de Belém à l’époque connaissait l’œuvre de Francisco Ferrer, mais pas encore une preuve de l’existence d’une école à son nom ou suivant ses principes.

On peut donc à bon droit se poser la question : «  Est-ce qu’en ces années-là, Belém se prêtait à la création d’une école avec une pédagogie libertaire  ? Est-ce que cette école moderne de Belém a existé au-delà de la légende colportée par les camarades  ?  »

Ce sont ces questions, et toutes celles qui découleront des réponses qu’on pourra apporter à ces prémisses de recherche, qui constitueront la base de cette chronique. Base à laquelle viendront, au fur et à mesure, s’ajouter d’autres voix, d’autres exemples de ce que sont les pédagogies libertaires.

A bientôt donc pour la suite de ce parcours de (re)découverte de nos réalisations éducatives, pour ce voyage dans le temps et l’espace auquel nous vous convions.

Caesar (AL Saint-Denis)

 
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