« Nous, travailleurs sans papiers de MAN BTP en grève… »




Nous, 88 travailleurs sans papiers âgés de 22
à 35 ans, d’origine malienne, sénégalaise,
mauritanienne et ivoirienne, nous sommes mis en
grève le 3 juillet et occupons depuis l’agence
d’intérim MAN BTP spécialisée dans le bâtiment
où se fournissent en main d’oeuvre bon marché,
via des filiales « donneuses d’ordres », les groupes
BOUYGUES, VINCI et compagnie…

Nous sommes venus en France pour
travailler.
Chez nous, c’est la misère. Si une vie
heureuse y était possible, nous ne viendrions pas
exécuter ici les travaux les plus durs. En France,
nous trouvons facilement du travail avec des faux
papiers (moyennant 300 à 400 euros) ou avec les
papiers d’un autre (frère, cousin, copain). Les
travaux
qui nous sont proposés, notamment dans
le bâtiment, sont les plus pénibles, ceux que
personne d’autre ne veut faire : démolition,
marteau-piqueur, boiseur…

Depuis que nous travaillons en France, parfois
depuis de nombreuses années (2000, 2001), nous
cotisons à la sécurité sociale, aux caisses de
retraite et de chômage, nous payons des impôts,

en échange de quoi, nous vivons dans l’angoisse
permanente de nous faire arrêter. Cette peur ne
nous quitte pas. Le soir, après une journée
harassante de labeur, à l’heure de rentrer au foyer,
nous ne sommes jamais sûrs d’y arriver. Nous
nous sentons coupables d’une faute que nous
n’avons pas commise si ce n’est celle de vouloir
vivre dignement. Nous risquons à chaque instant
l’expulsion, la pire des choses pour nous. Et quand
elle est appliquée, notre premier objectif est de
revenir.

Nous avons entendu parler des premières
actions initiées le 15 avril dans les médias. Nousavons alors compris qu’une régularisation par le
travail
était possible. Après avoir pris contact avec
le syndicat Solidaires, nous avons décidé de nous
mettre en grève, conscients de la longévité
potentielle de la lutte. Le 3 juillet au matin, nous
étions 60 à occuper l’agence. Le soir même, nous
étions 80. Quelques jours plus tard, nous étions
120. Sur le nombre, certains n’ont pas joué le jeu.
Ils se disaient grévistes alors qu’ils continuaient à
travailler. Lors d’une assemblée générale, nous
avons mis les choses au point. Seuls sont
comptabilisés, les grévistes qui répondent présents
aux 3 comptages journaliers : 9h30, 14h et 17h.

Sur les 88 que nous sommes aujourd’hui, 15
passent, à tour de rôle, la nuit sur place. N’ayant
pas accès aux toilettes de l’agence, nous galérons
pour faire nos besoins. Le maire du 10e, lors de
sa visite, nous a promis de faire le maximum pour
nous installer des toilettes de chantier. Nous
espérons de tout coeur qu’il tiendra parole et nous
l’en remercions par avance.

Pour qu’aboutisse notre démarche, nous
demandons solennellement que s’opère au plus
vite la plus large unité syndicale, associative et
politique
autour de notre combat. Nous en
appelons à toutes les personnes de bonne volonté
ainsi qu’à tous les collectifs de sans papiers pour
parvenir collectivement à faire comprendre au
gouvernement que la seule solution est de
régulariser toutes et tous les travailleurs sans
papiers, isolés ou pas, intérimaires ou pas.

En travaillant sans relâche depuis des années,
enchaînant les missions les unes derrière les autres
sans prendre de vacances, nous estimons, à juste
titre, être à moitié régularisés. Nous attendons du
gouvernement qu’il fasse l’autre moitié du chemin.

Passez nous soutenir sur place, 5 rue Saint Vincent de Paul, Paris 10e

Soutenu par : Alternative Libertaire Paris Nord-Est. Les Alternatifs. Association des
Tunisiens de France. ATTAC Paris 9/10. CGT Educ’action Paris. Comité pour un nouveau
Parti Anticapitaliste 9/10. Droits Devant !! Gauche Alternative 9/10. LCR 10e. MRAP 75.
PCF 10e. RESF 10e. Solidaires Paris. Les Verts Paris.

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