Antifascisme

Onfray : la girouette s’est bloquée côté faf




Michel Onfray revendiquait il y a quelques années l’étiquette de libertaire. Quiconque prend la peine d’analyser sérieusement ses prises de positions depuis le milieu des années 2010 peut constater la dérive confuse qu’il a opéré. C’est un ennemi de classe qui multiplie les interviews dans les médias d’extrême droite et a rejoint ouvertement le camp souverainiste.

Le naufrage intellectuel d’Onfray s’accentue avec ses prises de position autour de l’épidémie de Covid-19, particulièrement dans les deux textes « Qu’est-ce qu’un chef ? » publiés sur son site les 8 et 9 avril 2020, où il se fait l’apologue d’un autoritarisme proto-fasciste, sous couvert de «  dissidence  ». Ces essais attaquent la gestion calamiteuse de la crise sanitaire par l’État mais échouent à produire une critique pertinente, pour tomber dans une thèse simpliste  : si la France se porte mal c’est qu’elle n’est pas gouvernée par un chef charismatique et autoritaire qui, ayant saisi l’esprit national par une connexion particulière avec la patrie, saurait instinctivement prendre de bonnes décisions.

Un éloge du bon chef

Onfray oppose l’inconsistance d’Emmanuel Macron (le mauvais dirigeant) aux supposées qualités du professeur populiste Didier Raoult (le bon dirigeant). Maintenant que le buzz médiatique de celui-ci est passé, et qu’un débat scientifique rationnel, études sérieuses à l’appui, peut reprendre sur l’hydroxychloroquine, les penseurs de la « dissidence » à la Onfray doivent trouver un autre débat à se mettre sous la dent. Visiblement, il n’en sortira qu’une grille d’analyse confusionniste sans critique du capitalisme.

Le 12 avril 2020 Onfray a lancé sa nouvelle revue Front Populaire dont le projet est de «  fédérer les souverainistes de droite et de gauche, d’ailleurs et de nulle part  ». Dés le lancement, la couleur est donnée  : Michel Onfray récupère ce qu’il peut du naufrage de l’UPR d’Asselineau, son leader étant poursuivi pour harcèlement  [1], et multiplie les appels du pied à toutes et tous les «  dissidents  » des sphères souverainistes les plus nauséabondes  : Djordje Kuzmanovic, ancien militaire, nationaliste et ancien conseiller défense de Mélenchon, l’économiste Jacques Sapir, l’ex-gilet jaune Jacline Mouraud, et bien entendu le professeur charismatique Didier Raoult  [2].

Le 14 mai, il réalise un débat vidéo avec la rédactrice en cheffe de la revue Marianne, Natacha Polony plus connue pour ses prises de position réactionnaires que pour son progressisme. Le site internet de la nouvelle revue Front Populaire annonce le 12 mai 2020 le ralliement de Jean-Pierre Chevènement et du monarchiste islamophobe Philippe De Villiers. Onfray campe donc parfaitement le néopopuliste venu d’une gauche sans boussole lutte de classe  : critique du système, amour des chefs, haine des progressistes, tout cela avec un vernis qui fait appel à des codes de gauche comme le titre Front populaire, rappelant la manière dont Nicolas Sarkozy citait jadis Jean Jaurès, en provoquant le mouvement syndical lors d’un premier mai 2012 d’inspiration pétainiste.

Commission Antifascisme de l’UCL

[1«  Accusé de harcèlement, le président de l’UPR François Asselineau convoque un congrès d’urgence  », le 26 avril 2020, sur Sudouest.fr

[2Info du jour, infodujour.fr, le 2 mai 2020

 
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