Palestine : Arrêter le génocide par notre action

Malgré la reconnaissance d’un « État de Palestine » fantoche et démilitarisé brandie par Macron, le blanc-seing laissé à l’armée génocidaire israélienne à Gaza se poursuit. La famine programmée, l’assassinat systématique de journalistes, les bombardements continuent dans l’impunité la plus totale. Après 20 mois de mobilisations mondiales qui n’ont pas suffi à mettre fin au carnage, que faire en solidarité avec la Palestine ?
Pendant que les Gazaouies résistent, le front de la solidarité internationale n’a pas faibli. Les flottilles de la liberté se multiplient, pour tenter de briser le blocus de Gaza et y apporter du matériel humanitaire pour lutter contre la famine. Après le Madleen et le Handala, partis avant l’été, la Global Sumud Flotilla est partie entre le 31 août et le 4 septembre. À bord, plusieurs milliers de camarades de 44 nationalités différentes, unies par la solidarité avec le peuple palestinien. Les flottilles ne parviendront pas seules à détruire le blocus mais elles contribuent à isoler Israël sur le plan international. Cependant, de nombreux gouvernements, notamment en France, ont refusé de soutenir leurs ressortissantes et ressortissants face au risque d’attaque israélienne [1].
La réussite et la sécurité de ces flottilles dépend donc d’un élément clé : leur visibilisation dans le monde entier qui rende le coût de toute attaque militaire contre la flottille impossible à porter politiquement pour Israël. En solidarité, les dockers de Gênes ont annoncé une grève illimitée en cas d’interception de la flottille. En plus de ces dernières, les initiatives comme « Our food from our hands » (à laquelle l’UCL a apporté un soutien financier [2]), ou la campagne d’Urgence Palestine « Résilience Gaza » [3], permettent d’apporter une solidarité concrète aux Palestiniens et Palestiniennes de Gaza face à la famine.
BDS et Stop Arming Israel, des outils indispensables
Il faut toujours le rappeler : la campagne BDS représente un outil indispensable pour lutter contre les multiples formes de soutien ou de normalisation de l’entreprise coloniale israélienne. Du 30 août au 6 septembre, une semaine d’action a eu lieu contre Carrefour, pointé pour son soutien à la colonisation en Cisjordanie [4]. Une autre campagne importante est lancée depuis cette année contre Microsoft, qui soutient l’armé israélienne depuis 34 ans, participe à rendre son système d’apartheid opérationnel, entre autre à travers son système pénitentiaire. Microsoft Azur héberge ainsi plusieurs logiciels d’Elbit Systems : simulation de combat utilisé dans les centres d’entraînement de Tsahal, IA dont le rôle dans le génocide à Gaza est connu [5].
Rompre les partenariats avec les entreprises ciblées permet de pointer les capitalistes qui renforcent l’édifice colonial. La campagne Stop Arming Israël, qui répond à l’appel des syndicats palestiniens, vise plus spécifiquement l’armement. Elle a pour but de s’adresser aux travailleurs et aux travailleuses du secteur pour tenter de lancer des mobilisations sociales contre les livraisons d’armes à Israël, mais aussi de récoler des informations sur la réalité et l’ampleur des livraisons d’armes. La grève à ST Microelectronics en septembre dernier ou celle lancée par SUD Aérien et la CGT Roissy contre les livraisons d’armes à Israël en juillet montrent que la campagne porte déjà ses fruits.
La bataille idéologique et antiraciste à mener
La solidarité, c’est aussi une bataille idéologique : ce qui se passe n’est pas juste la responsabilité de l’extrême droite israélienne, mais l’expression d’une radicalisation de la logique coloniale inscrite dans les fondements de l’idéologie sioniste. Il faut refuser les renvois dos à dos des responsabilités d’Israël et du Hamas, écueil apparu par exemple chez un Jean-Pierre Filiu. Placer les Palestiniennes et Palestiniens au centre du récit et affaiblir idéologiquement le récit sioniste permet de renforcer matériellement les mobilisations.
L’enjeu est donc de massifier le mouvement de solidarité, mais certainement pas de le lisser. Et comprendre que cette offensive contre le mouvement de solidarité en France est aussi liée à l’islamophobie des dominants, convergeant avec ce qui est maintenant désigné comme un racisme antipalestinien (négation de l’identité palestinienne, les renvoyant comme appartenant à une masse arabe/musulmane archaïque). Ce double racisme et discours d’amalgame est bien utile pour la stigmatisation au nom de la doctrine de la « guerre au terrorisme », qui justifie la répression ici et le génocide là-bas. Nethanyahou affirme ainsi que les dirigeants européens seraient « soumis à leur citoyens musulmans » et donc adversaires de la « guerre de civilisation dont Israël serait le fer de lance ».
Si les racistes détestent la Palestine, c’est qu’ils voient à quel point cette cause est émancipatrice. Ils voient que c’est aussi en partie des populations et mouvement de l’immigration et des quartiers populaires qui se mobilisent. C’est à travers eux qu’est né le mouvement de soutien à la Palestine en France et qui a amené la gauche radicale française à se positionner plus clairement pour la Palestine.
C’est une bataille politique qui donne des résultats, comme en témoigne la forte mobilisation dans le Val-de-Marne lors de la manif du 7 septembre dernier où plusieurs cortèges ont convergé vers Choisy-le-Roi et mobilisé près de 3000 personnes. Dans le cadre du mouvement du 10 septembre, de nombreux comités locaux ou sites en lutte ont manifesté un soutien clair à la Palestine et l’usine d’armement Eurolinks à Marseille a été bloquée contre la fabrication d’armes pour Israël.
Cette démarche spontanée doit être encouragée et renforcée. Le 18 septembre de nombreuses autres actions ont également eu lieu comme le blocage de Carrefour à Saint-Denis, et la Palestine était présente dans tous les cortèges de France. Le blocage de l’économie doit aussi être un blocage de l’économie de guerre. Face à l’horreur génocidaire : que mille initiatives de solidarité fleurissent, jusqu’à ce que la Palestine soit libre !
Nicolas Pasadena et Daniel (commission Antiracisme de l’UCL)







