Pérou : L’USL fait vivre le communisme libertaire en quechua




Basée à Lima, cette organisation s’efforce depuis deux ans de faire entendre une tonalité communiste libertaire dans les mouvements sociaux.

Cet été, le collectif communiste libertaire qui publiait depuis deux ans à Lima le journal Qhispikay Liberté » en quechua) a décidé de se transformer en organisation à part entière, sous le nom d’Union socialiste libertaire (USL).

Découverts en mars à l’occasion d’une rencontre libertaire chilo-bolivo-péruvienne à Arequipa, ses militantes et ses militants avaient pu nous en apprendre davantage sur leur travail. L’USL fonde sa stratégie politique sur quatre points :

1. Construire un « pouvoir populaire et social » face au système capitaliste. Ce « pouvoir populaire » peut être assimilé a la « stratégie des contre-pouvoirs » développée par Alternative libertaire, basée sur une fédération de syndicats combatifs, d’associations de lutte, etc.

2. Impulser des luttes portées par le peuple, qui ne doivent pas être un simple marchepied pour des ambitions politiciennes extérieures à ces luttes, mais qui doivent faire du peuple un protagoniste politique autonome.

3. Populariser les idées anticapitalistes, anti-étatiques, de lutte de classe, le tout en relation avec une pratique active dans les mouvements sociaux.

4. Unir les forces anticapitalistes dans un front commun structuré horizontalement, sur la base du fédéralisme, de l’autogestion, de la solidarité de classe, de l’internationalisme et de l’anti-impérialisme.
Beaucoup mieux structuré que le groupe bolivien Combate (lire AL de mai 2008), l’USL a l’originalité d’avoir choisi la langue quechua plutôt que la langue espagnole pour sa communication interne.

Le choix du quechua

L’organisation se place ainsi, d’emblée, dans l’aire linguistique indienne, ouvrière et paysanne, et agit contre la globalisation culturelle [1]. Mais ce choix s’inscrit aussi dans une évolution de l’anarchisme péruvien, implanté jadis « de l’extérieur » par les ouvriers immigrés d’Europe, et qui au fil des décennies a cherché à faire également sienne la culture et l’histoire de la paysannerie indigène.

L’USL lutte contre le néolibéralisme du Parti apriste péruvien (PAP) au pouvoir depuis avril 2006 [2]. Elle a participé à la journée de grève nationale du 9 juillet à l’appel des syndicats et des partis de gauche, en y propageant les idées libertaires d’autogestion et d’action directe et en faisant le lien avec les luttes indigènes qui ont lieu dans le centre du pays où le gouvernement exproprie les terres forestières pour les revendre au plus offrant.

Ghislain (AL Marseille)

[1Le quechua est langue officielle au Pérou, avec l’espagnol.

[2« Apriste », c’est-à-dire se revendiquant de l’Alianza Popular Revolucionaria Americana (APRA), organisation légendaire fondée en 1921 sur des bases panaméricaines et anti-yankee. Actuellement le PAP est membre de l’Internationale socialiste et son hymne est la Marseillaise avec des paroles en espagnol : la Marsellesa Aprista.

 
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