Syndicalisme

Petite enfance : Grève historique, détermination intacte




Le 6 octobre, les professionnelles de la petite enfance se sont massivement mobilisées. Mais leurs revendications n’ont pas été entendues. Toutefois, elles sont déterminées à s’organiser pour renforcer la grève.

Ce 6 octobre 2022, les professionnelles de la petite enfance se sont massivement mobilisées d’abord pour le retrait de la réforme des modes d’accueil, et le retrait de l’arrêté du 29 juillet 2022 [1]autorisant à travailler en crèche sans diplôme ni expérience. Elles exigeaient des mesures immédiates contre la pénurie de professionnelles, la hausse des salaires, l’augmentation immédiate et massive des places en centres de formation, des conditions de travail dignes et un accueil de qualité pour tous les bébés.

Le collectif Pas de bébés à la consigne a fait le bilan de cette journée désormais historique : « des milliers de professionnelles de la petite enfance sont descendues dans les rues de plus de 60 villes [...] : 5 000 à Paris, 1 500 à Nantes, et à Lyon, 500 à Rennes, à Nice et à Bayonne, 400 à Limoges, 300 à Tours, 250 à Strasbourg, Mulhouse et Clermont-Ferrand... 42 crèches sur 59 étaient fermées à Marseille, 34 sur 40 à Bordeaux, 6 sur 6 à Charleville-Mézières ou à Dieppe… ».

Ce sont 300 personnes qui se sont également rassemblées à Chambéry, Lorient ou Montpellier, où, pour ne parler que de la fonction publique territoriale, sur 24 crèches et halte-garderies municipales, 15 étaient fermées, 9 partiellement ouvertes. Autant dire du jamais vu depuis plus de dix ans ! Le gouvernement persiste et signe dans son choix d’un accueil collectif au rabais pour les jeunes enfants. Ne se souciant même plus des apparences, ne misant que sur des effets d’annonce sans lendemain, il continue de brader les structures publiques et associatives au privé lucratif.

Mépris de classe et domination patriarcale

Une fois encore, les revendications n’ont pas été entendues : sur l’arrêté ministériel du 29 juillet dernier, fin de non-recevoir ; sur la revalorisation salariale, aucun engagement ; sur la formation de personnel qualifié, il botte en touche ; sur le taux d’encadrement découlant de la récente réforme des modes d’accueil, il refuse de bouger, etc.. Éventuellement, une seule avancée, celle de quémander à la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) le paiement de douze heures par an d’analyses de pratique au lieu de six.

Ce gouvernement est cynique, il se moque de toutes les personnes qui travaillent auprès des jeunes enfants et permettent le travail de beaucoup d’autres. Nous avons encore des leviers pour faire reculer ceux qui nous méprisent : s’organiser encore plus et renforcer la grève. Un enjeu fort sera de rassembler autour de nous les parents avec qui nous avons un intérêt commun de taille : la sécurité affective et psychologique de leurs enfants.

Les professionnelles de la petite enfance ne sont pas des « tatas » qui font du gardiennage. Elles ne remplissent pas des missions « naturelles » qui leur seraient logiquement dévolues en tant que femmes, sous payées et déconsidérées. Ces professionnelles qualifiées assurent un accompagnement essentiel des enfants comme des parents, un lien social fondamental. C’est pour ces raisons qu’elles ne lâcheront pas.

Nanou (UCL Montpellier)

[1Plus d’infos sur les sitesPasdebebesalaconsigne.com et rapportsdeforce.fr.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut