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Point de vue d’un libertaire grec : L’heure de la solidarité internationale




Le premier tour des négociations de l’Eurogroupe sur la dette grecque s’est achevé fin février à Bruxelles. Le gouvernement Syriza-Grecs indépendants, récemment élu avec mandat de renégocier et supprimer une bonne partie de la dette grecque en accord avec les partenaires européens, s’est finalement plié aux pressions allemandes, en demandant la prolongation du programme d’austérité, en prenant en retour quatre mois de liquidité et un assouplissement des objectifs fiscaux.

Où en est-on réellement un mois après la victoire triomphale de Syriza aux élection et les premiers jours d’enthousiasme où la cote de popularité du gouvernement a atteint 80% de l’opinion  ? La fin peu glorieuse de ce tour de négociations a montré les limites de ce processus imperméable aux pressions du mouvement populaire.

Dans un premier temps, ce résultat ne permet même pas au gouvernement de répondre à la « crise humanitaire », c’est-à-dire d’appliquer les mesures immédiates pour le soulagement des couches des plus faibles des classes populaires. L’économie du pays continue d’être sous la tutelle de l’union sacrée de l’oligarchie financière.

Approfondir la brèche

Dans les temps à venir, la base de légitimation du gouvernement sera la tentative de freiner l’attaque contre les acquis fondamentaux des mouvements ouvriers. Sans grande marge de manœuvre, le nouveau gouvernement grec a su internationaliser la question de sa dette et gagner un peu de temps. Si ce temps sera retrouvé ou reperdu ne dépend pas tant du gouvernement que de la mobilisation de classe. Autrement dit, le résultat électoral a pu ouvrir une brèche dans l’uniformité de la pensée unique, mais si les classes laborieuses n’occupent pas la place publique, cette brèche sera vite refermée et digérée.

L’échec à changer l’agenda et la retraite tant attendue du gouvernement grec prouvent que la ligne d’«  unité  » et de «  réconciliation nationale  » ne mène pas loin les revendications et les aspirations des travailleurs. Cela ne regarde pas que les discours mais aussi les gestes politiques majeurs du gouvernement, comme lorsqu’il a confié le rôle du président de la République à un ancien ministre de l’Intérieur de la droite républicaine.

Gestion médiatique

L’heure est maintenant à une gestion médiatique de ces manœuvres douteuses  : bien entendu cela peut produire des résultats tant que le gouvernement reste capable de persuader la population qu’il est capable d’appliquer sa politique. L’espoir est revenu, selon le slogan électoral de Syriza, mais la peur règne toujours. La majorité de la population continue de craindre qu’un conflit avec le FMI et les institutions européennes ou un Grexit amène le pays au bord de l’abysse.

L’heure n’est plus à regarder de loin et à analyser, comme si nos actions ne pesaient pas dans le rapport de forces à l’échelle internationale et européenne. Si les prochains mois se déroulent dans un paysage de faible mobilisation populaire, il est certain que tant Syriza que les autres nouveaux partis radicaux, comme celui de Podemos en Espagne, se trouveront obligés de capituler ou de se transformer en social-démocratie néolibérale des années 1990.

L’heure est maintenant à la solidarité internationale, pour l’élaboration pratique de revendications communes et l’organisation des luttes à l’échelle européenne.

Yannis (Initiative anarcho-syndicaliste Rocinante, Athènes)

 
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