Politique agricole commune : Le gouvernement à la botte des productivistes




Les négociations de l’application française de la Politique agricole commune sont en cours. Les orientations européennes laissent des marges de manœuvre aux États pour l’appliquer, mais le gouvernement mène une politique productiviste au rabais dictée par la FNSEA.

Les aides que touchent les paysans et paysannes de l’Europe sont distribuées de façon totalement inégalitaire  : 20 % des agriculteurs touchent 80 % des aides. La Confédération paysanne s’est battue dans ces négociations pour que les petites fermes touchent plus d’aides pour favoriser l’emploi paysan, l’agriculture paysanne. La FNSEA, organisation majoritaire chez les agriculteurs, suivie de la toujours libérale Coordination rurale, veut imposer une vision diamétralement opposée : la restructuration de l’agriculture en orientant les aides vers les plus productivistes. Les velléités de restructuration concernent surtout l’élevage, filière en difficulté. Elle veut instaurer des seuils en dessous desquels l’éleveur ne sera pas éligible à certaines aides, elle veut durcir les ratios de productivité pour que ceux qui ne remplissent pas les critères touchent des aides au rabais. Ces critères ne prennent pas en compte les difficultés naturelles qui surviennent, qui sont inhérentes à la géographie ou encore les accidents sanitaires. C’est l’élevage extensif, dans les zones de montagne, qui va souffrir le plus. L’agriculture perd des actifs tous les jours mais cela ne fait ni chaud ni froid à la FNSEA d’enfoncer un peu plus une partie de ses collègues.

Gouvernement aux ordres de la FNSEA

On ne peut que constater que le gouvernement s’est laissé dicter sa feuille de route par la FNSEA et a donc choisi de ne rien changer fondamentalement. Aujourd’hui, les aides à l’hectare sont différentes suivant les régions. Une convergence permettrait de rétablir un prix par hectare identique pour tout le monde. Alors qu’il pouvait y avoir une convergence des aides à l’hectare à 100 %, il opte pour une convergence à 70 % pour ne pas mettre les riches céréaliers sur la paille.

Le système productiviste mène les paysannes et paysans dans le mur en les rendant dépendants de l’industrie agro-alimentaire et du système bancaire. L’argent public est utilisé pour que celles et ceux qui ne veulent pas de cette agriculture ne puissent plus faire ce métier. Si aujourd’hui il est urgent de soutenir financièrement les productions agricoles de qualité, qui garantissent l’emploi et un milieu rural vivant, il est tout aussi urgent de tracer le sillon d’une réforme agraire en profondeur. L’agriculture paysanne est la seule qui permettra aux travailleurs et travailleuses de la terre de vivre correctement de leur métier et à la population de se nourrir avec des denrées locales de qualités.

Georges Claas (paysan)

 
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