Pour en finir avec la précarité dans la jeunesse, Organisons-nous !




Alors que la classe dominante s’emploie à précariser l’ensemble de la société à travers la casse des services publics et la réforme systématique des organismes sociaux en place, l’ensemble de la jeunesse est touché de plein fouet. En effet, à travers les réformes de privatisation de l’Éducation nationale : la loi libérale LMD (licence/ master/ doctorat) mise en place par un plan quadriennal dans les universités (rendant ainsi difficile toute possibilité d’un mouvement de lutte étudiante au plan national) et la loi Fillon, appliquée dès la rentrée 2005-2006, soumettent l’école à la loi de la rentabilité, alignant l’offre de formation sur les critères du marché.

Il s’agit d’impliquer les entreprises locales dans les décisions des établissements scolaires afin de mieux préparer la main-d’œuvre pour les patrons (intéresser les entreprises locales aux formations dispensées, cela veut dire des cursus ultra-spécialisés, et des débouchés minimums). Mais il s’agit aussi, par ces réformes, de limiter l’accès aux formations de l’enseignement secondaire et/ou supérieur par des augmentations conséquentes des frais d’inscription, ne laissant d’autre choix que celui des filières professionnalisantes aux plus démuni(e)s (les enfants d’ouvriers représentent aujourd’hui 13% des premières années à la fac, mais seulement 5% des effectifs de troisième cycle).

Poussés hors des cursus « normaux », ils et elles sont les premier(e)s à subir cet engrenage libéral de précarisation : mis au ban, ils/elles ne peuvent prétendre à une quelconque autonomie, tant financière qu’intellectuelle, et deviennent les premières victimes du travail à temps partiel, des boulots précaires, des discriminations salariales et à l’embauche. La mise en place du contrat nouvelle embauche (CNE) concerne essentiellement les classes populaires. En effet, avec la période d’essai de deux ans et une indemnité de rupture versée au salarié s’abaissant à 8%, les demandeurs d’emploi et par la même voie les jeunes précaires sont condamnés à l’insécurité de l’emploi, donc de leur vie en général.

L’impossibilité pour le salarié de se syndiquer et d’envisager à long terme un projet professionnel fait de lui une main-d’œuvre flexible et peu coûteuse pour le patronat. L’Éducation nationale a depuis longtemps capitulé devant les pressions patronales et offre des jeunes désabusé(e)s et déjà soumis(es), aux appétits voraces du capital. Face à ces attaques, la jeunesse, éclatée et divisée ne réagit pas collectivement.

Se doter d’outils pour vaincre le patronat

Si les mouvements massifs (comme le mouvement lycéen du printemps 2005) constituent des temps privilégiés de l’action politique et sociale, il reste qu’ils ne suffisent pas à une construction sur le long terme d’un rapport de force favorable. Il y a donc nécessité de construire et/ou de développer des outils de luttes permanents. C’est par l’expérience concrète sur le terrain de la solidarité des dominé(e)s et de la confrontation avec les dominant(e)s, par des pratiques autogestionnaires, qu’il est possible de retrouver une conscience de classe. C’est avant tout au sein de ces contre-pouvoirs que les jeunes précaires doivent s’organiser afin de lutter et de discuter pour préparer les mobilisations massives. Dans une perspective de rupture, il est important que ces outils (syndicats, collectifs) soient autonomes à toute logique de prise du pouvoir actuel ou de cogestion. L’autonomie des luttes sociales ne signifie pas qu’elles doivent être apolitiques mais au contraire qu’elles doivent s’approprier les questions politiques (comme la distribution des richesses), car c’est aux exploité(e)s de porter leurs propres revendications politiques et non à celles et ceux qui prétendent les représenter. C’est au sein du mouvement social que doit être menée la lutte idéologique pour l’élaboration de contre-projets politiques.

Pour une stratégie d’urgence

Pour nous, militant(e)s communistes libertaires, mener la lutte idéologique ne signifie pas arriver avec un projet « clé en main », mais au sein des structures de luttes et des mobilisations sociales, définir à partir d’expériences concrètes, des revendications, des projets sur le moyen et le long terme, en plus des revendications immédiates, nécessaires à la dynamique de solidarité des précaires. Aujourd’hui une majorité de jeunes en formation, ou non, connaissent la précarité pour se loger étudier ou vivre.

C’est pourquoi nous revendiquons :
 L’accès à toutes et tous à des soins gratuits.
 La gratuité effective des études (cette année encore le coût moyen d’une rentrée scolaire à augmenté, avec des budgets allant de 75 euros pour une rentrée en primaire, à plus de 600 euros pour des élèves entrant en section technologique dans certains lycées).
 Une augmentation massive de toutes les bourses et un élargissement de leurs critères d’attribution. (Au CROUS de Haute-Normandie, les demandes de bourses augmentent en moyenne de 4,3 % par an, le budget en 2003 pour les bourses à diminué de 1,5 millions d’euros).
 La réquisition des logements vides et la construction massive de logements sociaux. (À Paris, 10 000 chambres en cité U ont été rénovées avec des loyers en hausse, alors que seulement une demande de chambre sur dix est satisfaite).

Sur le moyen terme nous revendiquons la création d’un salaire social qui ne soit pas inférieur au SMIC pour toutes les personnes en formation ou sans revenus, financé sur le mode des retraites et géré par les personnes qui en bénéficient. Ceci afin de permettre à toutes et tous de faire des études de la nature et de la durée qu’ils ou qu’elles souhaitent, d’enlever toute une main-d’œuvre précaire des mains du patronat, et de tirer l’ensemble des salaires vers le haut.

La lutte idéologique est à mener au sein du mouvement social afin d’unifier la jeunesse précarisée et de travailler à la convergence avec l’ensemble des salarié(e)s et des chômeur(se)s pour enfin ouvrir des perspectives révolutionnaires.

La Branche Jeunesse d’Alternative libertaire

 
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