Quartiers populaires : en lutte contre le déconventionnemnt et la gentrification




Les habitants du quartier Liberté Vert-de-Maisons de Maisons-Alfort (94) s’opposent au projet du bailleur In’li de ne pas renouveler la convention qui expire en juin 2022. Le déconventionement signifiera que les logements pourront être alignés sur ceux du secteur privé avec des hausses de loyers inacceptables.

Les 227 familles locataires des bâtiments 54 à 66 avenue de la Liberté à Maisons-Alfort, logements construits en 1961, font face à un projet de déconventionnement des loyers, par le bailleur In’li. Mais beaucoup d’habitants du quartier du Vert-de-Maisons savent que les autres bailleurs tenteront de suivre la même voie.

Car des sociétés propriétaires de logements veulent profiter de l’arrivée du Grand Paris pour augmenter les loyers dans le quartier, quitte à en expulser ceux qui ne pourront plus payer. Cela signifie que le montant du loyer augmentera progressivement afin de rattraper partiellement les prix du marché dans le quartier. Un ajustement qui pourrait aller jusqu’à des augmentations de 50 % pour rattraper les prix du marché.

«  Le problème est que certains ne pourront pas payer cette augmentation malgré tout. Et ceux qui refuseront se verront traînés devant le tribunal avec une menace d’expulsion  » déclare Pascal, du collectif de locataire [1]. In’li, spécialisé dans le logement intermédiaire, déclare que le rattrapage des loyers ne commencera pas en 2022 mais à partir du renouvellement de bail suivant c’est-à-dire en 2028. Les augmentations «  des loyers manifestement sous-évalués se feront par paliers annuels étalés sur une durée de six ans  ».

une augmentation de 50 %

Les habitants, refusant de faire les frais du Grand-Paris, ont décidé de s’organiser et se réunissent chaque semaine à plusieurs dizaines. Un collectif de vingt personnes a été élu.

Le samedi 22 mai 2021 des locataires et habitants ont manifesté devant la mairie de Maison-Alfort. In’li fut interpelé par courrier le 6 mai sans réponses. Une délégation du collectif de locataire s’est rassemblée au pied de la tour du siège d’In’li à La Défense le 2 juin. Après avoir donné de la voix avec sa banderole et ses slogans, un directeur a fini par en sortir pour signifier qu’une réunion en visio-conférence sera organisée le vendredi 4 juin.

« [Le 4 juin], 30 locataires se sont rassemblés pour participer à cette réunion. Elle s’est déroulée dans une ambiance combative, forte de nombreux témoignages » [2]. Un nouveau rendez vous devrait avoir lieu, sans pour autant que la société In’li montre une envie de renoncer au projet.

Le maire (LR) de Maisons-Alfort, Olivier Capitanio, dit s’opposer au projet d’In’li (dont le patron est pourtant de sa famille politique), tout en disant qu’il n’a pas les moyens juridique de s’opposer à celle-ci. Suite à la mobilisation des habitants, le conseil municipale a voté contre  : «  S’il faut planter des tentes devant la mairie nous le ferons ! » [3].

Le quartier du Vert-de-Maisons n’est pas le seul dans cette situation, presque toutes les futures gares du Grand-Paris verront ces démarches de déconventionnement être tentées par les bailleurs, comme actuellement à Vitry. La spéculation et promotion immobilière allant déjà bon train autour de chaque gare. Contre l’accélération de la gentrification de nos banlieues populaires, les luttes des habitants devraient s’y multiplier au cours des années.

Il nous faut suivre de près ces luttes et tenter de les faire converger pour enfin offrir un front de résistance à la gentrification.

Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)

[1« Maisons-Alfort : ils se battent pour éviter que le bailleur social ne fasse flamber leurs loyers », Le Parisien, 22 mai 2021.

[2Idem.

[3Le collectif de locataires In’Li élu le 25 avril.

 
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