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Quartiers populaires : un plan (dés)Espoir Banlieues




Un an après, le « plan Marshall » est, faute de crédits, devenu un « plan Espoir », auquel la secrétaire d’État Fadela Amara, dépitée, a elle-même donné la note de « 11 sur 20 ». Pour le gouvernement dans lequel elle siège, cela coûte moins cher de marteler des discours libéraux et communautaristes.

Le plan Espoir Banlieues de Fadela Amara voit enfin le jour en février 2009. Ce dispositif comprend une série de petites mesures : la généralisation des « écoles de la deuxième chance », le busing pour favoriser la mixité sociale scolaire, le « contrat d’autonomie » pour 100 000 jeunes en CDD ou CDI, ou encore le déblocage de 500 millions d’euros pour le désenclavement des quartiers par de nouveaux transports en communs.

Si certaines mesures sont positives – notamment dans le premier pas dans la lutte contre l’échec scolaire, l’enclavement géographique… –, elles demeurent très insuffisantes au regard de la situation. « Qui oserait dire qu’il suffit de rajouter un dispositif sur un autre pour régler le fond du problème ? », reconnaît Fadela Amara, qui visiblement croit peu à ses belles promesses.

Sarkommunautarisme

Profitant de la misère sociale, du racisme latent, Nicolas Sarkozy instaure doucement mais sûrement sa vision libérale et communautariste.

Libérale, parce que Sarkozy fait miroiter à de nombreux jeunes des quartiers l’illusion qu’ils peuvent devenir « entrepreneurs » dans une économie majoritairement salariale – n’en déplaise à certains ! – ou qu’il peuvent s’engager dans le « maintien de l’ordre », avec des campagnes de recrutement ciblées pour l’armée et la police.

Communautariste, parce qu’il a tout axé sur la « présence de toutes les minorités au sein des élites françaises ». Cela lui a permis de balayer la revendication de la justice sociale, au profit d’une poignée de notables censé-e-s représenter des « communautés » – dont les contours « ethnico-religieux » sont contestables !

Pour un mouvement social des quartiers

Inutile de dire que ce tournant ne date pas d’aujourd’hui. Il est le fruit de décennies d’abandon politique des quartiers populaires, vu que la société post-fordiste et postcoloniale a licencié en masse la main d’œuvre ouvrière immigrée, et que sa descendance est souvent privée d’emploi pour des raisons économiques (pour les peu diplômés) ou racistes (pour les diplômés) !

Autant on peut être très critique à l’égard de ce nouveau plan banlieue, autant on ne peut pas faire l’économie d’une action, au sein du mouvement social, contre les injustices frappant les quartiers populaires. Au préalable, il faut faire un bilan sans concession de la gestion de ces quartiers par la gauche institutionelle (PS, PCF, les Verts). Dans bien des cas, elle n’a pas répondu aux attentes, voire elle a cautionné des bavures policières, l’échec scolaire, l’exclusion sociale et géographique.

Il faut se battre pour la rénovation de l’habitat social sans hausse de loyer ni expulsion, pour la même qualité de services publics, pour un même droit au travail et au salaire, pour la reconnaissance de l’histoire de l’immigration, et exiger une loi-cadre contre les discriminations racistes. Le temps presse si on ne veut pas se couper d’une partie des attentes et aspirations populaires.

K. (AL Paris nord-est)

 
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