Syndicalisme

RATP : Caisses de grève, ne pas rééditer les cafouillages




Un éparpillement des caisses, une redistribution pas toujours équitable, voire opaque… mais aussi une expérience positive avec l’unification de la caisse CGT-Solidaires. C’est en forgeant qu’on devient forgeron !

La grande grève de l’hiver 2019-2020 a connu, avec le confinement, une fin en queue de poisson, sans victoire ni défaite, mais avec certains acquis et certaines limites. Parmi celles-ci : la problématique de la caisse de grève.

Dans certains établissements, des caisses ont été lancées dès le premier jour de la grève. Bientôt presque chaque dépôt, chaque atelier, chaque ligne avait la sienne. Dès la manif du 17 décembre, les cortèges charriaient des dizaines de tirelires au bénéfice des grévistes de la RATP. Leur remplissage a été aussi conséquent qu’inégal : certaines ont récolté plus de 50 000 euros, d’autres moins de 5 000. Il y a diverses raisons à ces disparités, mais le constat est là : les caisses se sont retrouvées en concurrence.

Là-dessus, les gestionnaires de la célèbre caisse du syndicat Info’com-CGT [1] ont proposé leur aide, à condition que les fonds versés soient gérés de façon pluraliste et centralisée par plusieurs syndicats de la RATP. Tous se sont tous débinés, à l’exception de la CGT et de Solidaires, qui ont unifié leurs caisses. Ainsi, le 24 décembre, Info’com leur a remis un chèque de 150.000 euros.

La grève a continué sans faiblir jusqu’à la mi-janvier, mais plutôt que de signer un second chèque au bénéfice de l’ensemble des grévistes de la RATP, Info’com a indiqué que des fonds seraient versés aux caisses locales qui rempliraient un dossier. Manquant d’infos ou de contacts, certains établissements y ont renoncé. Parmi ceux qui ont adressé une demande à Info’com, certains ont été servis, d’autres non. Et, les sommes distribuées ont pu varier du simple au double, sans explication plausible. Certains chèques ont même été versés au bénéfice d’une catégorie : les conducteurs de telle ligne, par exemple. Mais pourquoi exclure les guichetières et guichetiers, dont les salaires sont nettement plus bas ? Bref, la distribution de chèques a parfois ressemblé à un coup de pub… et a creusé les disparités entre les différentes caisses.

Faire mieux la prochaine fois

Il faut dire que les syndicats de la RATP ont leur responsabilité dans ce cafouillage : la plupart ont regardé ailleurs quand ils ont été sollicités par Info’com ; Solidaires-RATP n’a pas su convaincre de fusionner toutes les caisses ; la CGT-RATP n’a montré que peu d’intérêt pour la question, et a même failli faire capoter (faute de gestion pluraliste) le versement des 150.000 euros. Et que dire de FO-RATP, qui a réparti entre ses seules adhérentes l’argent versé par la ­fédération FO-Transports, alors que ­Solidaires et la CGT ont reversé l’intégralité des dons à l’ensemble des ­grévistes ?

Au total, la caisse de grève unifiée, cogérée par la CGT et Solidaires, a récolté 730.000 euros. La redistribution s’est faite en deux temps : 285 euros maximum par gréviste pour décembre ; environ 230 pour janvier. Le triple avec l’appoint des caisses locales les mieux loties. Bref, un dédommagement a posteriori, alors qu’il faudrait que ce soit un véritable secours pendant la grève, pour l’encourager… Aux syndicalistes de lutte de s’appuyer sur cette expérience pour faire mieux à l’avenir !

Alexis (UCL Saint-Denis)

[1Lire aussi : « Info’com CGT : Mauvaise passe pour les virtuoses du virtuel », Alternative libertaire, juillet-août 2020.

 
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