RATP : Le vote des cadres favorisé, les réformistes l’emportent




Alors que le vote électronique fait s’effondrer la participation, l’Unsa perce et coiffe au poteau la CGT, plombée par le comportement de certaines de ses figures.

Fin novembre, près de 43.000 agentes et agents ont élu leurs représentantes et représentants dans les 15 comités sociaux et économiques de la RATP… intégralement par le biais d’un vote électronique. Résultat : – 20 points de participation au premier tour (45 % contre 65 % en 2014). Ce mode de scrutin a surtout eu les faveurs des cadres, agents de maîtrise et conducteurs de métro et RER (gros salaires), mais ne suffit pas à expliquer un taux d’abstention aussi élevé : le désintérêt des catégories les plus défavorisées de l’entreprise est frappant.

Les trois syndicats désormais représentatifs – Unsa, CGT et CGC – y trouveront cependant leur compte, en vertu d’un accord pré-électoral sur mesure. Ils acceptaient le vote électronique intégral ; en échange, la direction calculait la représentativité (et les dodus financements qui vont avec) sur la base des résultats obtenus au 1er tour, quel que soit le taux de participation. Et afin d’écarter les pique-assiette, la direction avait fait invalider au 1er tour les listes Rassemblement syndical (RS, ex-Syndicat anti-précarité). Construit sur un mode affinitaire et bien implanté dans les établissements de banlieue, le RS avait effectué une percée spectaculaire au scrutin de 2014, et menaçait les scores des syndicats établis. Les candidats RS ont donc dû attendre le 2e tour, organisé quand le quorum n’était pas atteint, pour se présenter librement… et faire des gros scores, arrivant même en tête dans certains CSE Bus.

La CGT sanctionnée

Avec 30,19 % (+7,6 points), l’Unsa passe juste devant la CGT à 30,11 % (– 0,3 point). Ce n’est pas une surprise, car le syndicalisme réformiste s’est imposé depuis longtemps à la RATP. Les revendications sur le salaire statutaire sont par exemple brouillées par l’opportunisme de l’Unsa qui, en échange de tel ou tel recul, obtient constamment des primes (donc hors salaire et cotisation sociale). Par ailleurs, la CGT souffre de la mauvaise réputation de certaines de ses figures comme Jean-Marc Cador, secrétaire sortant du comité d’entreprise, dont le comportement vis-à-vis des 450 salarié.es du CE a pu être comparé à celui d’un patron-voyou (austérité salariale, sanctions disciplinaires, discrimination syndicale...). Fait sans précédent : son nom a été rayé de la liste par suffisamment de votant.es pour qu’il soit éliminé !

Pour finir, notons que SUD-RATP a chuté de 6,4 points pour arriver à 8,95 %, et perd donc sa représentativité. Malgré son nom, cette organisation n’a plus rien à voir avec Solidaires, son éthique et son projet syndical. Né d’une scission de gauche de SUD, le syndicat Solidaires-RATP a recueilli 3,27 % des voix.

Alexis (AL Saint-Denis)

 
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