écologie

Rachat de Monsanto par Bayer : Vers un monopole sur le vivant




En septembre, l’annonce de la fusion entre les deux géants a créé l’émoi, et pas seulement à cause de son prix faramineux. Si la ficelle du monopole est évidente, on peut aussi s’inquiéter de ce que les anciens fabricants de l’agent orange ou du gaz moutarde vont pouvoir produire ensemble.

Par le rachat spectaculaire de Monsanto, en septembre, le géant Bayer, numéro 2 mondial de l’agrochimie, deviendrait aussi le numéro 1 de la semence. Notons que la guerre économique que se vouent en apparence les grands groupes traduit plutôt une logique d’intérêts croisés : de son côté, Monsanto échappe à un déséquilibre économique, lui qui fait face à une crise de consommation chez les agriculteurs, due à la chute des prix des productions agricoles. La fusion Bayer-Monsanto sert donc pour les deux groupes à conserver leur rang au sein d’une concurrence renforcée dans le secteur de la chimie du vivant (agrochimie, semences, médicaments).

D’ailleurs, les méga-entreprises Dow Chemical et Dupont, ou encore Syngenta et Chemchina cherchent à fusionner ou l’ont fait. Tout ceci est donc une histoire d’argent, ou plutôt l’histoire de l’argent qui veut enterrer définitivement l’agriculture traditionnelle. Pour ces groupes qui s’arrogent la responsabilité de nourrir le monde entier, posséder 25 % du marché agricole mondial, c’est un peu remplacer la nature.

Introduire et généraliser de nouveaux OGM

Mais pour que l’illusion – et la conquête des marchés – soit complète, il faut sans doute faire oublier Monsanto, qui cristallise les oppositions. En plus de tous ces scandales sur ses produits chimiques – même le désherbant Roundup est en sursis, sa commercialisation ayant été avalisée de force par la Commission européenne –, Monsanto, c’est aussi l’ancien fournisseur d’uranium pour la bombe A américaine et c’est maintenant un monopole juteux et criminel sur les marchés de semences. C’est surtout la pression constante pour introduire et généraliser de nouveaux OGM... Alors peut être que le changement de nom lui permettra enfin de pénétrer le marché européen grâce à une bannière bien locale : Bayer.

grafiti du collectif Alapinta, dans la ville de Temuco (Chili)
cc Patricio Avila

Si le palmarès des produits Monsanto est bien connu du public, Bayer a su rester relativement dans l’ombre. Mais cette firme n’en est par pour autant moins néfaste. Bayer a assis son activité dans les pesticides grâce aux stocks des guerres et les défoliants devenant encombrants dans les placards. Les produits de cette folie ont en effet été déversés sur les plantes et les champs. Pour redorer son image, la firme est devenue une pourvoyeuse de santé : « Supradyn, pour stimuler la vivacité physique et mentale ». Derrière l’obsession constante d’ « améliorer » les cultures, l’humain, les bêtes, se cachent les mécanismes de destruction proprement capitalistes.

Aussi, quelle que soit la taille de ces firmes, il ne faut pas oublier les questions de fond : la mort de l’agriculture paysanne et le brevetage du vivant. Il ne faut pas oublier non plus que les gros syndicats sont dans la même optique. Le représentant national des agriculteurs dans la commission qui statue sur le conflit d’intérêt est Xavier Beulin, patron de la FNSEA, patron local de la FDSEA, patron du groupe Avril (leader du biodiesel et de la semence en France), patron du port de La Rochelle... À son accession au pouvoir syndical, il condamnait l’existence d’exploitations de moins de 4 hectares, et demandait au Parlement la suppression du statut de paysan !

Marchandisation et appropriation de la nature

Pour Alternative libertaire Gard, ce projet de fusion entre Bayer et Monsanto est une véritable provocation qui met en évidence la mascarade des beaux discours issus de la COP21. À grands coups de propagande, les dirigeants des pays et les entreprises se présentent comme des défenseurs de l’écologie pour mieux dissimuler qu’il s’agit d’entretenir l’accumulation de richesses par les capitalistes et de faire taire les protestations.

Ce projet de fusion est un pas de plus vers la marchandisation et l’appropriation de la nature, le monopole de l’alimentation, vers un projet de société totalitaire et destructeur de la planète au service des possédants. C’est à cela que rêvent ces grands groupes, c’est contre cela qu’il faut lutter.

AL Gard

— image : cc Saif*Anu




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