Racisme : Explosion des actes islamophobes, d’un terrorisme à l’autre




Après le 13 novembre, comme après janvier 2015, les racistes se lâchent. Des mosquées incendiées aux perquisitions, qui trinque ? D’abord, les musulmanes et musulmans, puis celles et ceux qui y sont assimilé-e-s, de par leur couleur de peau, leur nom de famille ou leur lieu de vie.

Si le saccage de la salle de prière d’Ajaccio le 25 décembre dernier a choqué et été largement médiatisé, il s’agit bien d’un arbre qui cache la forêt. Peut-être parce qu’il impliquait une foule impressionnante, peut-être du fait de l’attrait pour une « question corse » qui fait vendre, les médias s’y sont beaucoup plus intéressés qu’aux dizaines d’autres agressions islamophobes recensées depuis le 13 novembre. Ces actes islamophobes, il y en a de toutes sortes : lynchage d’un jeune homme dans les rues de Lyon par un groupe de fascistes, tags et dégradations sur des lieux de culte, menaces directes sur des personnes ou des groupes...

L’occasion de confirmer que l’islamophobie est bien une forme de racisme. Ceux qui s’en sont pris au lieu de culte d’Ajaccio ont expliqué en parlant de leurs victimes qu’il fallait leur faire comprendre qu’« ils ne sont pas chez eux ». Des fous furieux d’extrême droite ont, la nuit même du 13 novembre, attaqué et incendié la jungle de Calais, visant directement les personnes réfugiées qui y vivent.

Et sur les mosquées et les lieux de culte, ce qui est tagué témoigne d’idéologies racistes, antisémites et fascistes (croix gammées...) ou simplement xénophobes (« dehors »). Si les musulmans et musulmanes sont la première cible, c’est bien l’ensemble de la population immigrée ou identifiée comme telle qui est, à travers eux et elles, visée par des actions et des discours d’une confusion déconcertante.

C’est aussi l’occasion de constater le triste traitement de ces actes : les médias et le pouvoir politique tendent à les présenter comme des faits isolés, et refusent de chercher leurs causes dans les politiques menées depuis des années. Face aux actes ignobles de Daech, on parle de terrorisme ; mais quand des violences tout aussi aveugles, frappant au hasard sans victimes identifiées, émanent de groupuscules fascistes, et sont appelées par la presse d’extrême droite au nom de « l’autodéfense », le terme n’est plus mobilisé. Il s’agit pourtant bien d’une même logique : semer la peur parmi une population identifiée pour la contraindre à l’invisibilité, tout en diffusant une idéologie de haine qui occulte toute possibilité de dialogue ou d’analyse.

Le racisme d’en haut

Ces actes sont encouragés et légitimés par la violence avec laquelle l’État lui-même traite les personnes identifiées comme musulmanes, à plus forte raison sous l’état d’urgence : quand on voit la police détruire des appartements, arrêter arbitrairement, insulter et humilier, plus rien d’étonnant à ce qu’on se sente libre de donner libre cours à la haine de l’autre. Et le projet de déchéance de nationalité pour celles et ceux qui bénéficient de la double nationalité ne fait que renforcer un amalgame entre terrorisme, islam et étrangers déjà trop présent, alors que les auteurs des tueries de novembre étaient tous bel et bien français.

L’État se trompe de cible et, en prétendant combattre le terrorisme, alimente la peur et la haine tout en essayant de justifier sa propre survie. Plus que jamais, face au gouvernement, à son bras armé et aux média complices, il nous appartient de manifester notre solidarité avec toutes les personnes qui se retrouvent stigmatisées et menacées, et de construire l’entraide et l’autogestion. Se connaître, réfléchir ensemble, dégager des espaces de rencontre et de fraternité (la vraie, pas celle d’une république moribonde), voilà les meilleures façons de se défendre.

Clem (AL Paris-Nord-Est)

 
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