Décembre 2004

Rapport Thélot : l’inégalité comme idéal




Le rapport Thélot insiste sur l’idée que l’école devrait « former à se former », c’est à dire permettre de se former ailleurs : dans une école privée que seuls les plus riches pourront s’offrir. Les plus modestes se contenteront par obligation d’une éducation gratuite mais beaucoup moins performante. Nous sommes bien loin de l’égalité des chances !

Un socle commun de connaissances minimales doit être mis en place dont ces connaissances sont simplement résumées à savoir lire, écrire, compter, connaître les principales opérations mathématiques, maîtriser vaguement le français et bredouiller un anglais de communication internationale. Ce socle commun de connaissance devra être maîtrisé pars tous et « répond aux besoins de la société »... c’est à dire du patronat !

Dors tranquille, l’État se charge de choisir ton camp : élite ou miséreux

Pour cela, le rapport préconise que les élèves moins bons se consacrent presque exclusivement à la maîtrise de ce socle commun, tandis que les autres choisiront des options qui les mèneront aux études supérieures.

Il s’agit clairement d’une école à 2 vitesses : les élèves qui réussissent moins bien ne connaîtrons que le strict minimum qui leur permettra d’occuper des emplois peu qualifiés, alors que les élèves qui réussissent possèderont de véritables connaissances et formeront la future classe dirigeante, une élite.

Le développement de l’apprentissage et des formations et stages en entreprise dès le collège permettront aux patrons de posséder une main d’œuvre presque gratuite et aux jeunes-futurs travailleurs de s’habituer au salariat comme fatalité.

On apprends également que « la part des emplois peu qualifiés demeurera considérable à l’avenir », autrement dit que la précarité sera monnaie courante : les CDD(Contrat à Durée Déterminée) offriront au patronat une main d’œuvre malléable, corvéable à merci et peu contestataire : la fin des syndicalistes annoncée.

Sois jeune et tais-toi !

Dès le collège, les élèves auront obligation de se choisir un projet professionnel, aiguillé selon les besoins des entreprises locales, en accord avec les conseiller(e)s d’orientation et les parents. Il faut ajouter à cela le surconditionnement créé par une école dont le but n’est pas la connaissance mais l’intégration au "monde du travail", destructeur d’un esprit critique vis-à-vis du salariat et de la société capitaliste. On imposera l’idée que "ton but dans la vie, c’est de travailler !" (si possible en évitant de te demander pour qui et pourquoi tu le fais).

Travail Famille Patrie

Le rapport consacre une grande importance au rétablissement des valeurs "de la nation" à l’école. Il faudrait « garantir l’ordre et restaurer (...) le respect sans lequel les professeurs ne peuvent faire travailler les élèves dans la sérénité », revenir à la discipline sévère qu’ont connu nos grands-parents : Apprends et tais toi ! C’est l’apologie des rapports de domination entre profs et élèves !

Bien entendu, l’éducation civique est revue à la hausse afin d’apprendre aux élèves à "respecter la loi" et à admirer "leur" nation. Enfin, pour le « repérage et le traitement de l’absentéisme, des conduites a risques et des actes délinquants », des partenariats seront passés avec la police et les pouvoirs publics. On peut donc s’attendre à voir débarquer des flics dans nos collèges et nos lycées ! Tout est prévu pour faire de nous des employés et des citoyens dociles !

Osons l’alternative !

Face aux funestes projets du gouvernement, opposons une autre école, libérée, égalitaire et émancipée : l’école libertaire ! Apprenons pour le plaisir d’enrichir nos connaissances, pas pour servir le capitalisme ; refusons les hiérarchies et les rapports de domination ; gérons nous même l’établissement qui est le nôtre ; développons notre curiosité et notre esprit critique plutôt que d’ingurgiter passivement. C’est toute l’école qu’il faut changer, et pour cela une rupture avec le capitalisme et l’État est nécessaire.

Pour changer l’école, changeons la société !

Clash n°10 (décembre 2004)
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